En montant à bord de ce vieux chalutier aux côtés d'une jeune étudiante irlandaise en biologie marine, on ne sait pas vraiment dans quelle direction on s'embarque. L'ambiance est très sobre et très sombre, de la photographie constamment plongée dans la pénombre aux intérieurs rouillés du bâteau de pêche au sein duquel évolue un équipage un brin taciturne. Très tôt toutefois, le film s'oriente vers une composante de science-fiction d'une égale sobriété, avec l'apparition d'une forme de vie inconnue qui immobilisera le navire au milieu de l'Atlantique. Une thématique d'infection mystérieuse un peu sous-développée, quelques pulsions horrifiques droit dans les yeux bien senties, une légère contagiosité de la folie, mais rien de plus : on est avant tout dans un film à ambiance, une série B de luxe qui sait tirer profit de ses maigres moyens.
J'ai bien aimé le passage en hommage à "The Thing" de Carpenter (encore et toujours lui), où le fil de fer chaud trempé dans le sang est remplacé par une lampe dans les yeux des potentiels infectés. Pour le reste, on peut regretter précisément cette focalisation sur l'ambiance qui se fait dans une certaine mesure au détriment d'un vrai point de vue sur la contamination ou la créature qui en est à l'origine. Cette sorte de sobriété thématique ne joue pas en sa faveur, alors que toute la toile de fond était bien dessinée, notamment au travers d'une petite galerie de personnages plutôt bien écrits. On n'atteint pas des sommets d'anxiogène insoutenables, mais d'après le potentiel de certaines séquences (je pense notamment à la découverte du bateau abandonné et de son équipage aux yeux oblitérés), le film aurait pu jouer un peu plus la carte de l'horreur frontale et ainsi viser beaucoup plus haut. Au lieu de ça, ça papote au sujet de lumière ultraviolette, de chaleur et d'électricité pour anéantir la créature — sans ne serait-ce que tenter de l'appliquer aux contaminés.