La collection « Westerns de Légende » a souvent remis au goût du jour, parmi les 164 films que compte la compilation, des westerns oubliés ou de seconde zone. Des westerns de série B comme l’Amérique en produisait des dizaines chaque mois, pas toujours de bonne qualité.
Sept hommes à abattre, du prolifique réalisateur Budd Boetticher (pas moins de 20 westerns réalisés dans la décennie 1950, dont l’Homme de l’Arizona ou Le déserteur de Fort Alamo pour ne citer qu’eux) sort indéniablement du lot grâce à une réalisation extrêmement soignée et un pitch particulièrement accrocheur.


Ben Stride, ex-shérif de Silver Springs, est sur les traces de sept bandits qui, lors d’une attaque de banque, ont tué sa femme. Une soif insatiable de vengeance l’anime et le pousse, en justicier solitaire, sur les routes de l’Ouest.
Un joli butin de 20 000 $ dans un coffre cadenassé, de dangereux bandits, des Indiens en embuscade, une vengeance inévitable, une femme au regard bleu intense, et des gunfights comme on aime : tous les ingrédients du genre sont rassemblés pour passer un excellent moment.


Ce qui m’avait déjà frappé dans Le Déserteur de fort Alamo, (sorti en France 3 ans plus tôt, en 1953) c’était la maîtrise du tempo du film par le réalisateur, qui ne laisse jamais son récit retomber ou s’enliser : tout est direct to the point, sans frou-frou ni disgressions. En moins d’1h20, la messe est dite, à un rythme effréné.


Bien que le réalisateur soit moins côté que les « maîtres du westerns » comme Sergio Leone, ou ses compatriotes comme Don Siegel ou John Ford, Boetticher n’en reste pas moins un excellent artisan, qui a inspiré plus tard des réalisateurs de renoms tels que Clint Eastwood ou Quentin Tarantino.


Positif publia d’ailleurs au début des années 2000, sous la plume de Pascal Sennequier, un long article sur le film : « Des canyons, toujours les mêmes, des bivouacs où l’on met à chauffer un sempiternel café, des pistes poudreuses que l’on parcourt jusqu’à plus soif, quelques rares rivières où se rafraîchir... Des Indiens affamés pouvant surgir à tout instant, des compagnons de route qui, le cas échéant, peuvent prendre le visage d’ennemis impitoyables... Une femme éhontément attractive, poitrine bombée, décolleté en dentelle, blonde, voluptueuse et innocente à s’en damner ; un héros pour la protéger... Telles sont au bas mot, les pièces maîtresses que Budd Boetticher redispose sur l’échiquier du Grand Ouest, à chacun des sept westerns qu’il réalisa avec l’acteur Randolph Scott entre 1956 et 1960 ».


Fait intéressant, c’est John Wayne, par l’intermédiaire de sa société de production Batjac, qui permit au film d’être financé. Sans le tournage au même moment de La prisonnière du désert, c’est « l’homme le plus classe du monde » qui aurait dû endosser le costume et les bottes de Ben Stride.


Sept hommes à abattre (sorti sous l'horrible titre 7 hommes restent à tuer) est donc un must-see pour tous les aficionados du western, et une magnifique découverte pour les cinéphiles souhaitant découvrir le travail de Budd Boetticher, « l’une des plus belles carrières de western et aussi l’une des plus discrètes » (Christian Viviani).

D. Styx

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