L’idée du film est simple et plutôt banal. Agents du FBI et de la CIA travaillent ensemble pour démanteler le plus gros cartel mexicain du moment. Le film commence par l’attaque d’un repaire de trafiquants par l’agent Kate Macer et son unité du FBI qui découvrent des dizaines de corps. Volontaire et idéaliste, Kate va accepter de participer à une mission menée par un agent de la CIA, Matt, et un énigmatique consultant, Alejandro. En voulant bien faire pour aider à démanteler le cartel mexicain, la jeune femme ne s’attendait pas à tant de violence de la part de cette unité et surtout à avoir été impliqué dans cette mission uniquement pour que celle-ci ait un cadre légal.


Sicario ne tombe pas dans le cliché manichéen des méchants trafiquants et des honnêtes forces de l’ordre. Sicario, signifiant tueur à gages, fait référence à un personnage du film, Alejandro, un loup solitaire au passé trouble incarné par Benicio del Toro. Les «bons» sont plutôt du genre à tirer en premier qu’à parlementer. La violence des cartels, qui n’est pas en reste, est quant à elle rarement montrée. Alejandro, en suivant la loi du talion, combat le mal par le mal. Et ce n’est pas quelques séances de torture pour soutirer des informations aux truands qui tombent dans ses mains qui vont l’arrêter.


Un aspect très intéressant de Sicario est que la plupart de la violence n’est pas montrée. Celle-ci se passe hors cadre et Denis Villeneuve laisse juste au spectateur le soin d’imaginer la séance de torture improvisée, l’horrible mutilation de ces corps suspendus à un pont, la fusillade dans le tunnel ou encore la guérilla qui se déroule à Juárez et que Kate regarde de loin à travers des jumelles. Cette subtilité est clairement l’un des points forts de ce thriller palpitant et apporte, paradoxalement, beaucoup d’énergie au film.


Denis Villeneuve, réalisateur que je ne connaissais pas et qui m’avait impressionné avec son film Incendies, est donc devenu en quelques années une figure montante du cinéma et ce au point de se voir confier l’un des plus ambitieux projets pour ces prochaines années : réaliser la suite de Blade Runner. Un projet ambitieux, mais très risqué pour sa carrière. Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine.

Vincent-Ruozzi
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le 20 févr. 2016

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Vincent Ruozzi

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