Regardable...
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le 23 oct. 2018
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Si la filmographie de films d’horreur de Charles Band ne m’a pas fait follement rêver pour l’instant (Head of the Family, The Gingerdead Man, Evil Bong, Ghost Poker, généralement plus affligeants que terrifiants ou drôles), son expérience dans les films orientés science-fiction semble déjà plus réjouissante. Trancers, sorti en 1984, avait de la gueule. Et je constate que Crash and Burn est appréciable.
En dehors de ce court passage avec un robot géant, qui a du engloutir une grosse part du budget, Crash and Burn ne respire pourtant pas le film hollywoodien clinquant, loin de là. Le film se déroule en 2030, et ce qu’on peut y voir n’est guère futuriste, ou apparaît bien plus risible, à l’image de ces combinaisons blanche de travail avec lunette de ski pour affronter un environnement surdosé en UV à l’extérieur ou cette moto du futur qui est sensée faire illusion avec des fusées placées à l’arrière, et c’est tout.
Le film prend d’ailleurs un certain temps pour installer ses personnages et son contexte, sans pour autant nous les présenter avec clarté. Il faut donc retenir qu’en 2030, l’humanité se relève doucement d’une crise économique liée à la surenchère des marchés, que la couche d’ozone ne filtre plus grand-chose et qu’il y a en plus dans l’histoire un livre des révélations dont on n’a pas vraiment saisi l’intérêt. C’est un peu comme si tous les prétextes pour un tel film avaient été réunis (crise économique, crise écologique, annonce mystique, etc.) et remués un peu lourdement dans le shaker.
Pour autant, il y a des pistes intéressantes qui affluent, notamment sur la société de ce nouveau monde, où la corporation qui régit la civilisation ne semble pas avoir que de belles intentions, un court passage nous parlant même de droits civiques abandonnés pour la sécurité. Ce discours est prononcé par le directeur d’une station de télé conventionnée par l’Unicom, cette puissante organisation étatique. C’est au sein de celle-ci que s’est rendu Tyson Keen, livreur motorisé pour la compagnie. Une tempête thermique le force lui et le reste de l’équipe technique à passer la nuit dans la station. Mais le directeur est tué. Qui en est responsable ?
Prenant place dans une ancienne station électrique, le décor industriel du film lui sied bien, car il abrite une paranoïa assez bien ficelée car entraînante, à la recherche de signes qui exposeraient le coupable. Le huis clos continue une fois l’identité révélée, l’ennemi pouvant alors révéler sa véritable nature, amorale, dans un lieu où il peut facilement se cacher pour mieux attaquer. Le lieu est alors étouffant, mais ce n’est guère plus chaleureux dehors, la tempête thermique faisant rage.
Certes, il y a quelques complaisances scénaristiques, et on peut regretter que tout le contexte du film soit mal exposé dans un tel film qui se veut juste être une honnête série B. Mais on passe pourtant un bon moment devant Crash and Burn, loin du nanar qu’il semble promettre. Correctement réalisé, le réalisateur Charles Band propose une histoire simple mais entraînante, qui arrive à capturer l’attention du spectateur sur les événements en cours.
Il révèle même une poignée d’acteurs suffisamment impliqués pour tenir le film. Les inquiétudes sont pourtant grandes avec l’acteur principal Paul Ganus et sa belle chevelure intacte à chaque fois qu’il enlève son casque moto (il y a de bonnes laques dans le futur), et son physique de modèle de sous-vêtements. Mais au fur et à mesure du film il prendra une tonalité moins proprette sur lui et plus en adéquation avec le ton. On peut aussi souligner la candeur et la détermination de Megan Ward pour son premier rôle, un personnage féminin assez intéressant, sensible et débrouillard, loin de certains clichés de ces années. Bill Moseley fait aussi partie de cette belle équipe, dans une interprétation ambiguë qui éclatera plus tard avec une folie assez jouissive.
Et pourtant, ces assez bons acteurs ne se retrouvent pas sur la jaquette du DVD édité par Prism Vision (déjà épinglé à ce sujet pour d’autres films) qui a préféré reprendre le nom et le visuel d’Exterminators de Peter Manoogian (1986). Le film parle de robots, on y retrouve Charles Band (mais à la production) et c’est bien tout, mais c’est pas grave, l’important c’est d’avoir un visuel et un titre qui claquent sur le DVD.
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Créée
le 10 juin 2022
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