Après Memories of Murder, le réalisateur coréen Bong Joon-ho revient avec un nouveau film pour un nouveau genre. Exit le polar, place au drame fantastique où un père de famille modeste de Séoul va rechercher activement,avec l'aide de sa petite famille, sa fille enlevée par une créature étrange surgie brusquement des profondeurs de la rivière Han. Un changement de genre surprenant qui va définitivement prouver que le metteur en scène est sûrement l'un des meilleurs de sa génération. Car outre une histoire de monstre respectant sans sourciller les codes du genre, Joon-ho va par-dessus rajouter plusieurs couches afin de ne pas sombrer dans le classicisme le plus bateau.
C'est donc surtout dans sa manière de présenter son histoire que le réalisateur coréen va étonner : oubliés les innombrables scènes d'action sans âme, les facilités de scénario ou les clichés obligatoires. Bong Joon-ho va bouleverser tout ça en nous livrant l'anti-Godzilla. Le héros est un moins que rien irresponsable qui va se découvrir capable de tous les sacrifices pour retrouver l'être qu'il aime le plus au monde. Pourtant, il va aller jusqu'au bout pour retrouver la petite Hyun-seo pendant que les autorités placent une quarantaine incompréhensible et que les médias affolent la population. Autre point fort : le décor. Dans un réalisme saisissant, le metteur en scène expose un environnement sobre, palpable, où l'on peut facilement s'identifier tout en dressant un portrait acerbe de la société actuelle.
Pour le reste, Joon-ho alterne entre survival intense du côté de Hyun-seo dans les égouts face à la bête, drame social poignant avec Gang-du et les siens, thriller sous tension avec les autorités coréennes et film d'action à travers les nombreuses séquences à effets spéciaux (bluffants) intervenant de parts et d'autres dans le métrage, notamment dans un final à couper le souffle. On pourra en revanche regretter quelques inégalités de rythme et surtout des personnages parfois sous-exploités comme Nam-joo la sœur de Gang-du, ce charismatique clochard sans nom à l'importance finalement capitale ou encore la relation entre Hyun-seo et le jeune Se-joo dans les égouts. Bref, en dépit de légers défauts plus regrettables que détestables, The Host est une merveille du cinéma coréen qui prouve que Bong Joon-ho est un réalisateur à suivre de très près.