The president’s last bang (2005) - 그때 그사람들 / 102 min
Réalisateur : Im Sang-Soo – 임상수
Acteurs principaux : Han Suk-Kyu – 한석규 ; Baek Yoon-Sik – 백윤식 ; Song Jae-Ho –송재호 ; Kim Eung-Soo – 김응수 ; Jo Eun-Ji – 조은지 ;
Mots-clefs : Corée - Thriller - Histoire vraie – Politique
Le pitch :
Séoul 1979. Un dîner privé réunit pour une soirée le Président de la République et ses trois plus proches collaborateurs : son chef de sécurité, son secrétaire, et le directeur de la CIA coréenne, tous trois se disputant les faveurs du Président. Une chanteuse pop, starlette montante, et une autre jeune femme ont été conviées pour distraire ces messieurs... Pendant ce temps, le directeur de la CIA se prépare à assassiner le Président. Il quitte la pièce quelques instants afin d'instruire une dernière fois ses agents du déroulement des opérations.
Premières impressions :
Si vous avez suivi un tout petit peu l’actualité coréenne de cette année, vous avez appris que la présidente Park Geun-Hye a été destituée à la suite d’une affaire de corruption. Ce que vous ne savez peut-être pas en revanche, c’est que l’actuelle présidente est la fille de l’ancien dictateur Park Chung-Hee. Ce dernier a pris la tête du pays en 1961 par un coup d’état militaire puis fut élu président en 1963. Son régime autoritaire se transforma en dictature n’hésitant pas à enfermer les opposants politiques ou pire. Il fut assassiné le 26 octobre 1979, par son ami de longue date et chef des services secrets sud-coréens. C’est cet assassinat que Im Sang-Soo nous propose de revivre.
Le réalisateur a suivi scrupuleusement la réalité historique et son film repose essentiellement sur les dépositions des uns et des autres. Cependant, tout cela ne s’est pas fait sans heurts et le film a valu quelques procès à Im Sang-Soo, le conduisant à couper 3 minutes 50 secondes, remplacées par un écran blanc dans un premier temps, avant que la décision ne soit annulée en appel en 2006. Néanmoins, l’orientation de certaines scènes a été jugée offensante pour la famille de l’ancien dictateur qui a obtenu une belle somme en réparation.
Il faut savoir que la Corée du Sud est largement divisée au sujet de Park Chung-Hee. S’il est reconnu aujourd’hui comme un dictateur ayant réprimé l’opposition dans le sang, une partie du pays, surtout le sud-est conservateur, le considère comme le sauveur économique, comme celui qui fit passer la Corée d’un pays du tiers monde à la puissance actuelle en aidant les Chaebols, les grand groupes coréens, à se développer. Il est aussi souvent considéré comme un rempart face à la Corée du Nord et le communisme, ou le diable, c’est selon. Aujourd’hui encore, cette division se retrouve dans les urnes et c’est ainsi que Park Gueun-Hye fut élue, à grand renfort de patriotisme. De même lors des élections de mai 2017, le candidat ultra-conservateur fit des scores dictatoriaux dans la région natale des Park.
Le film lui-même débute quelques heures avant l’assassinat. Im Sang-Soo pose à peine le contexte, connu de tous en Corée et il n’est pas franchement évident pour un occidental de s’y repérer. Aucune manœuvre politique, aucun récapitulatif des épisodes précédents, « The president's last bang » se concentre uniquement sur l’assassinat et rien que l’assassinat. La mise en place est longue, les pions se placent aux endroits stratégiques, font quelques points tactiques pendant que Park Chung-Hee ne se doute de rien. Enfin, après une looooooooongue et lente exposition, l’action débute, le dictateur se fait dessouder puis le film se termine.
Si ça a l’air ennuyeux raconté ainsi, c’est encore pire au visionnage. Comme nous savons d’avance la finalité du film, on aimerait pouvoir se concentrer sur le « comment » s’est déroulé l’action ou apprendre quelles ont été les tensions internes, mais comme on ne connaît pas vraiment les protagonistes, sauf à être historien, eh bien on ne ressent pas franchement de tension.
Pour conclure, « The president's last bang », en dehors de son ressort judiciaire et du symbole qu’il peut représenter contre les années de dictature, n’a que peu d’intérêt vidéo ludique. La forme en elle-même ressemble à n’importe quel film d’action, sans le décorum propre à la surenchère et sans la tension des coups bas mis en scènes dans les thrillers politiques. La réalité est semble-t-il bien plus plan plan. Bref, je n’ai pas appris grand-chose historiquement parlant et je me suis sérieusement ennuyé devant la lenteur de l’action. Un film à oublier donc.