Bien que la femme soit exceptionnelle, le film qui s'inspire de sa vie ne l'est pas pour autant. Certes, c'est une belle leçon d'histoire, montrant qu'avec détermination, courage et un certain toupet, on peut réaliser de grandes choses. Le destin de Ruth Bader Ginsburg, discriminée et rejetée par tous les cabinets d'avocats alors qu'elle était majeure de sa promotion, est devenue une icône pour la liberté et l'égalité des femmes aux Etats-Unis. En cela, le documentaire RBG sorti l'année dernière est très intéressant pour compléter ce portrait qui revient avant tout sur ses origines et l'émergence de sa combativité. Il y a également un regard posé sur la sphère intime de cette figure publique et on s'aperçoit que cette hargne et cette volonté sans faille ne viennent pas de nulle part ! La relation conflictuelle avec sa fille, la maladie de son mari,... Le drame de sa vie a aussi forgé la figure historique qu'elle est devenue.
Felicity Jones l'incarne avec bienveillance et simplicité. On reste assez admiratif face à son ardeur, qui, pour l'époque (les années 50), relève davantage de la provocation que du courage. Néanmoins, la scène finale reste le moment historique fidèle et crucial tant attendu qui a le mérite de faire honneur à son éloquence sincère et brute de pomme, véritable point d'acmé pour l'actrice mais aussi pour le personnage.
La réalisatrice, Mimi Leder, davantage active dans les séries, signe un film on ne peut plus classique dans sa forme. Tout est très lisse, sans surprises ni réelle implication émotionnelle, si bien qu'on pourrait reprocher à cette femme d'exception son côté trop factuel et informatif. On aurait aimé un peu plus de liberté et de toupet dans les partis-prix, à l'image de son personnage. C'est une belle leçon d'histoire qui nous replonge dans les mentalités fermées de l'époque, mais il manque cruellement une maitrise des tensions émotionnelles pour en faire un grand film qui marque les esprits et les coeurs. C'est avec trop de distance que le film a été réalisé, comme une page de l'Histoire déjà tourné, alors que ce sujet est encore cruellement d'actualité... J'ai trouvé dommage de ne pas me sentir plus percuté par ce sujet.