Après avoir été un petit génie des effets visuels et avoir travaillé avec Jeunet et Caro, Pitof s'inspire du travail des deux metteurs en scène et s'essaie à la réalisation en adaptant une aventure inédite du célèbre bagnard devenu détective. Grossière erreur ! Car n'est pas Jean-Pierre Jeunet qui veut, même en s'inspirant de son inimitable imaginaire. Sur un scénario pourtant intéressant mêlant alchimie et thriller à l'américaine, Pitof a eu les yeux plus gros que le ventre et ça se voit à tout bout de champ. Le réalisateur devient, pour son premier film, l'heureux premier utilisateur de la caméra numérique. Le résultat est malheureusement catastrophique...
L'image s'avère hideuse, filmée avec les pieds, multipliant les gros plans mal léchés et les scènes de combat hachées au montage, le tout avec des bruitages sortis d'une série Z. La photographie inexistante donne quant à elle au métrage une luminosité fade, quelque peu réaliste en soi mais surtout bien amatrice. L'interprétation est, elle, tout au plus sympathique, la plupart des acteurs ne rentrant pas totalement dans la peau de leurs personnages mais parviennent toutefois à rendre l'histoire digeste (en particulier le toujours aussi impeccable André Dussollier).
Bien heureusement, les décors, costumes et l'excellente musique de Bruno Coulais sont bien travaillés et apportent un réel soin d'esthétique quant à la reconstitution du XIXe siècle. Mais pour le reste, c'est d'un lamentable qui en devient très vite énervant, la mise en scène ratée et l'intrigue poussive (pourtant signée Jean-Christophe Grangé, auteur des "Rivières Pourpres" notamment) empêche clairement le long-métrage d'être une péripétie agréable. Difficile à regarder jusqu'au bout et ce dès les premières minutes, Vidocq est la preuve que tout le monde ne peut pas passer derrière la caméra...