Quand j'ai vu ce film vers 2002, j'ai pas tout à fait réalisé ce qu'il m'arrivait ; revu hier, j'ai tout compris, mais j'en garde une rancoeur terrible ! Je m'attendais à voir un beau biopic sur la vie de François Vidocq, ex-bagnard devenu chef de la Sûreté parisienne sous la Restauration, et au lieu de ça, j'ai vu un vague flic du XIXème jouer au karateka dans de vieux souterrains poussiéreux, et j'en ai eu mal aux yeux tant l'image est hideuse et tant les procédés sont racoleurs. Et pourtant, quel sujet en or ! ça aurait pu donner un bon film à vocation historique en modernisant un peu quelques éléments par rapport au feuilleton avec Claude Brasseur qui passait sur les chaines françaises dans les années 70, et en donnant un côté mystérieux en guise de vernis.
Hélas, c'est une véritable abomination ! Pitof, excellent directeur d'effets spéciaux sur des pubs ou sur les films de Besson ou Jeunet, passe à la réalisation et revisite la France de 1830 avec le super flic en univers steampunk ; ça commence pas trop mal, par une bonne idée, et puis ça se dilue très vite dans la nullité. Qu'est-ce que j'apprends ? que le scénariste en est Jean-Christophe Grangé, le romancier auteur des Rivières pourpres? ouille, ouille, en fait il adopte un point de vue à peu près similaire, du glauque, un peu comme s'il transposait Seven dans un décor de France du XIXème, avec une ambiance de ce vieux Paris un poil fascinante, je dis bien un poil, parce que pour le reste faut bien chercher une crédibilité là-dedans, il n'y a aucun scénario crédible et rien de captivant, et le personnage de Vidocq si fascinant justement, est traité n'importe comment, c'est lamentable ; ça coince donc sérieusement sur la forme et le fond.
On essaie alors de se rabattre sur le visuel, puisque Pitof tourne en caméra numérique, mais il imprime un design d'une telle laideur qu'on ne peut que renoncer ; son excès d'effets de style et de numérique tue le fond, mais la forme est encore pire : montage heurté, effets de caméra dans tous les sens, plans à ras du sol qui servent à rien, très gros plans en fish-eye qui accentuent la laideur, ambiances saturées, pléthore d'effets visuels qui noient une image déjà horrible, son atroce avec bruitages ridicules... tout ceci est censé donner un style, mais au contraire, ça surcharge inutilement un film déjà mal construit. Bref, tout cet ensemble rend le film insupportable, sans compter un twist final grotesque qui est une insulte à l'intelligence.
Même les acteurs sont très moyens, ils débitent des répliques à toute vitesse qui sont le plus souvent incompréhensibles ; Depardieu qui est normalement le héros, n'apparait en tout qu'une quinzaine de minutes, Canet est vraiment limite, Dussolier n'est pas dans le ton, et les femmes ne sont là que pour des scènes de nu parfaitement gratuites qui n'apportent rien. Bon j'arrête là, c'est un film qui est plus à réserver aux ados fans de jeux vidéo, mais pas aux cinéphiles ni aux historiens, et je pense sincèrement que Pitof aurait dû rester à sa place au lieu de bousiller un mythe comme Vidocq, mais il est vrai qu'il a aussi commis Catwoman, décidément...