Ma première incursion dans le cinéma de Visconti – et pas la dernière… Burt Lancaster tout d’abord, y est flamboyant, méconnaissable en vieil aristocrate n’ayant que ses livres et ses peintures pour seuls compagnie. Le film s’articule autour de sa demeure, bouleversée tout comme le vieux Burt par l’arrivée impromptue d’une famille bourgeoise dont la franchise et les relations tumultueuses contrastent nettement avec les habitudes de l’ermite. Tout cela le rappelle à ses vieux démons – ceux qu’il tenta d’oublier dans l’étude et la retraite solitaire. Regrets et amertumes vont resurgir de son regard qui reste pourtant bienveillant envers cette famille atypique dont la spontanéité cache de sacrés conflits. De la baronne fière à son amant opportuniste, sans oublier les deux adolescents entêtés, cette jeunesse fougueuse a de quoi rendre fou notre vieux misanthrope. Et notamment lui proposer une vision de l’amour qui a franchement de quoi le troubler !


Le film, il faut le dire, se permet quelques fulgurances et moments de grâce. A commencer par la vision fugace et sublime de Claudia Cardinale en robe de mariée. Mais aussi avec la prestation admirable de Burt, au rôle très touchant. Visconti, pour accentuer l’opposition entre ce dernier et ces jeunes hyperactifs toujours scotchés sur le téléphone (ça n’a pas changé depuis) dérègle les repères temporels, et ajoute une petite couche de comédie plutôt bienvenue. Seulement, la dimension politique du film, qui semble pourtant faire tout le sel des autres films de Visconti, est ici la moins subtile. A peine évoqué jusque dans la dernière partie du film où il surgit omniprésent, cet aspect-là alourdit la fin du film, on passe d’un huis-clos intimiste bien orchestré à un drame politique beaucoup moins compréhensible et de plus traité de manière très hâtive. Comme si le réalisateur s’était soudain rappelé qu’il fallait bien cela pour ajouter de la profondeur à son film, ce qui est strictement faux.


Néanmoins, pour le portrait émouvant et subtil qu’il fait de la vieillesse à travers le personnage de Burt Lancaster (rappelant un autre film italien plus récent « The Best Offer »), «Violence et passion » mérite plus que le coup d’œil. Il y a dans sa démarche quelque chose d’admirable, à n’en pas douter.


Ma critique du film "Le Guépard" :
http://www.senscritique.com/film/Le_Guepard/critique/38349391


"Rocco et ses frères" :
http://www.senscritique.com/film/Rocco_et_ses_freres/critique/40850127


"Nuits Blanche" :
http://www.senscritique.com/film/Les_Nuits_blanches/critique/50471631


"Les Damnés" :
http://www.senscritique.com/film/Les_Damnes/critique/50471608


"Mort à Venise" :
http://www.senscritique.com/film/Mort_a_Venise/critique/50471595

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le 29 juin 2015

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Marius Jouanny

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