En 1966, James Brown chante « This is a man’s world, but it wouldn’t mean nothing without a woman ». Et qu’y a t-il de plus masculin que l’entraînement subit par les commandos des SEALS, aka première force spéciale de marine de guerre américaine ? Cet entraînement « des plus intensifs que l’homme n’ait jamais connu », s’apprête à accueillir Jordan O’Neil (Demi Moore), une femme officier qui souhaite gravir les échelons de la profession grâce à une expérience de terrain. Faisant preuve d’une grande ténacité et d’une incroyable résilience, O’Neil se donne alors pour défi de s’imposer au sein de son unité, ceci en dépit de la persistance de traitements différentiels omniprésents, et d’un inévitable et lourd climat sexiste.
Avec cette thématique, Ridley Scott s’attaque à un sacré morceau, à savoir la place que l’on accorde aux femmes au sein des milieux militaires, créés à l’origine; pour et à l’encontre d’autres hommes. Lourdement critiqué, peu (ou pas du tout) fidèle dans sa représentation des entraînements Navy SEALS (en ce que les portes sont toujours, à ce jour, fermées aux femmes), ce film a beaucoup de détracteurs, tant à cause de ses dimensions machistes, militaristes que nationalistes. Peut-on en effet considérer ce film comme « féministe », dans la mesure où le seul moyen pour O’Neil d’exister et d’obtenir légitimité auprès de ses adversaires, soit de se raser elle-même la tête, de ne mener aucune relation homosexuelle, ou de balancer des phrases frôlant vulgarité et vantardise exacerbées du style : « Suck My D*** » ?
Difficile à croire pour beaucoup, surtout lorsque la mise en scène (caméra tremblante et scènes de guerres inutilement stylisées à outrance) sombre parfois dans le ridicule, tout comme sa musique très, trop dramatique, semble loin d’ériger ce film comme un monument du cinéma américain.