Tout d’abord, un mot sur le titre "français" tant décrié. En soi, l’idée n’est pas si mauvaise puisque que la dernière phrase du film est…. « A Beautiful day »! Pas bêtes les types… Et puis en toute honnêteté c’est mieux que la traduction du titre original qui sonne comme un drame psychologique français du milieu des années 2000.
Le seul problème c’est que pour entendre cette phrase il faut regarder le film… en VO. Du coup ce n’est plus très malin en effet.


D’entrée de jeu, il faut faire abstraction du gros « Le Taxi Driver du 21e siècle » sur l’affiche qui ne fait que desservir le film, tout ça parce que c’est l’histoire d’un vétéran de guerre solitaire qui décide de sauver une jeune fille du monde de la prostitution. Certes il a aussi quelques problèmes psychologiques mais ils ne sont certainement pas du même ordre.


S’il y a bien un mystère autour de ce long-métrage, c’est l’obtention du Prix du Scénario à Cannes par Lynne Ramsey et son équipe. D’une part c’est une adaptation donc ce n’est pas vraiment un pur produit de leur imagination, et d’autre part ce n’est pas non plus l’histoire la plus originale du monde. Si on ne fait que décrire l’intrigue dans ses grandes lignes, le pitch correspond à une liste sans fin de films.


You Were Never Really Here est avant tout une mise en scène appliquée au service d’une performance de haut vol de la part de Joaquin Phoenix. Massif, hirsute, semblable à un golem, il incarne donc un ancien soldat poursuivi par ses démons intérieurs dus à une enfance faite de maltraitances et des expériences pour le moins traumatisantes lors de ses années militaires. Marqué par une vie baignant dans la violence, il exécute initialement sa mission sans broncher jusqu’à ce le tout dégénère. L’acteur mérite amplement son Prix d’Interprétation. Phoenix a déclaré lors d’une interview que la réalisatrice lui avait transmis une cassette audio de coups de feu combines à un feu d’artifice pour lui faire ressentir ce qui se passe dans la tête de Joe. Sa capacité à transmettre la douleur qui l’habite par un simple regard est saisissante.
Son interprétation est donc appuyée par une mise en scène de très bonne facture. Outre des plans travaillés, Lynne Ramsey jongle avec flashbacks et codes couleur sans les rendre inopportuns. On peut également saluer son parti pris de faire un film jusqu’au-boutiste et de ne pas emprunter le chemin de la rédemption vu et revu dans ce cas de figure. En effet Joe n’est pas là pour se racheter une conscience car ses traumatismes et l’attention qu’il porte à sa mère laissent penser qu’il n’avait jamais perdu certaines valeurs qui guideront son comportement.


Probablement trop attendu au tournant à cause les comparaisons flatteuses et récompenses qu’il a reçues avant sa sortie, You Were Never Really Here reste un bon film de la réalisatrice écossaise bien aidée, il faut le dire, par un Joaquin Phoenix époustouflant. A voir.

JakeElwood
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le 30 avr. 2018

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