C'est un fantôme qui erre dans les rues, dans la nuit de Cincinatti. Sa démarche est lourde, sa silhouette épaisse. Il est hirsute, le regard parfois vide. Agité de traumas, comme l'image qui se tétanise le temps d'un flash au montage chirurgical, qui hésite entre le souvenir et le fantasme.


La première scène, fabuleuse, résonne comme une véritable note d'intention côté technique, tant son découpage est minutieux, tant ses instantanés restent en mémoire.


A l'image de son héros, A Beautiful Day va droit au but, le temps d'une intrigue dégraissée jusqu'à l'os. A l'image de son héros, A Beautiful Day se montrera brutal si nécessaire, comme chez Park Chan-wook. Mais loin de l'ultra, proche de la recherche et de la composition, rejetant sa violence brute plus d'une fois hors champ. Ou privilégiant un plan fixe fort ou irrigué d'une poésie macabre.


Elle explosera à la face du spectateur comme par surprise, dans un éclat aussi tranchant et effilé que la lame d'un scalpel. Tandis l'errance urbaine se fait plus atmosphérique, plus lancinante, sur une superbe composition musicale, entre Vangelis et Howard Shore, qui prend le pouls, de plus en plus intense, des démons de son vigilante.


Sensoriel par excellence, au delà de son aspect thriller, dont l'atmosphère se dérègle parfois et se heurte, virant au film de vengeance, A Beautiful Day s'attache aux basques de Joaquin Phoenix pour mettre en scène, littéralement, la mort de l'enfance. Dans des images, qui ne seront jamais clairement expliquées, d'une constante force brute qui s'attardent sur un visage, sur un sac plastique qui semble battre, ou des cadavres qui se découpent dans l'ombre.


Les yeux de Joaquin sont constamment brouillés de spasmes. Il trouve en celle qu'il doit sauver comme un reflet dans le miroir. Ils sont coupés de leurs racines, mais les traumas demeurent. Jusqu'à cette visite comme dans une maison de poupées qui sera vécue, via la thématique du mal et de sa manifestation, comme une libération, ou une impuissance.


L'enfance rageuse, maintenant mélancolique et privée de repères, erre sans but. Et dans une séquence finale fulgurante, plus que The Death of Childhood, est formulé un véritable Death Wish dans l'indifférence générale.


Comme s'il s'agissait d'un fantôme.


Comme s'il n'avait jamais vraiment été là...


Behind_the_Mask, qui, à l'instar de Thor, fait une fixette sur les marteaux.

Behind_the_Mask
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le 6 nov. 2017

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