En 1960, un philosophe et un sociologue rêvaient d'un cinéma-vérité, capable de capter une vérité au-delà de toute fiction. C'était Chronique d'un été, qui se concluait par un bilan critique de l'expérience assez mitigé.
À bicyclette !, est un film qui frôle le documentaire, dans sa mise en scène en une prise par plan et par un tournage en équipe réduite, et qui frôle la fiction, par certaines scènes qui semblent très, voire trop, écrites et jouées (la séquence autrichienne sème le trouble sur sa réalité). Ce mélange radical interroge, mais de cet effet de film de voyage amateur entre amis et en famille émane de vraies émotions, ressenties par de vraies personnes. Le vélo, outil méditatif par excellence, devient un double de la caméra, capable de transformer des acteurs en personnages du même nom.
Finalement, ce que le film parvient à faire, c'est à nous faire oublier ce qu'on regarde, ses défauts et ses longueurs notamment, et à nous embarquer dans ce voyage thérapeutique et dans ces questions existentielles qui sont exposées devant nous et auxquelles nous ne pouvons pas échapper (le côté très théorique du film, c'est à la fois son défaut et son charme).