Deux ans après le glaçant 2 Sœurs, Kim Jee-Woon revient avec un thriller hors-normes où il dévoile enfin sa patte, son style, son talent. Homme de main aussi dangereux que charismatique, Kim Sun-Woo est un loyal servant de son patron et il n'hésite pas à accepter la moindre mission, même lorsque celle-ci consiste à surveiller la jeune maîtresse de ce dernier. Découvrant qu'elle "trompe" son boss avec un jeune de son âge, Sun-Woo décide de ne rien dire et d'assumer malgré lui les conséquences de son silence.
Un pitch simple, qui commence comme un ersatz de Vincent Vega and Marsellus Wallace's Wife pour dévier vers une croisade vengeresse (un classique dans le cinéma coréen). L'histoire d'un homme qui n'a pas encore vécu et qui doit provoquer le destin pour enfin exister. Quitte à y laisser des plumes. Toujours empreint d'une maestria hypnotisante, le metteur en scène parvient pourtant ici à se transcender, délivrant un long-métrage poignant de bout en bout, porté par le charisme fou de Lee Byung-hun (Joint Security Area) qui tient à lui seul le film sur les épaules.
Le jeune acteur, terrifiant et émouvant à la fois, arrive sans peine à nous entraîner avec lui dans cette spirale de violence sans fin jonchée de choix douloureux, de trahisons dégueulasses et de coups bien portés. Drame puissant à la poésie certaine, appuyée par une musique tout bonnement somptueuse, thriller simple mais intelligent aux séquences d'action parfois surprenantes (certains plans sont aussi généreux qu'ils ne débordent d'ingéniosité), A Bittersweet Life prouve enfin que Kim Jee-Woon est l'un des metteurs en scène coréens les plus importants de sa génération.