Submergé. Je pense que c’est le mot le plus juste décrivant ce que j’ai ressenti pendant ce film.
En ce moment, je suis en plein trip Corée, je remate les classiques tout en essayant des nouveautés, ainsi que des films que j’avais laissé passer à l’époque.
J’avais commencé à mater le début, mais j’avais pas de concentration ce soir-là, pour tout dire je me faisais chier en le regardant du coin de l’œil. En plus, y’a pas Choi Min Sik dedans, plutôt un gars qui a l’air de sortir tout droit d’un boys band de K-Pop.
3-4 jours après, je redonne une chance et refais un visionnage, au calme, au frais et relax.
L’intro et la présentation du perso principal, Sun Woo, sont classiques, et la collusion avec Goodfellas est évidente, décrivant la vie au quotidien d’un homme de main d’un syndicat coréen. Il a quand même la classe, avec ses beaux costumes, sa BM, sa Rolex ou assimilée avant 50 ans. Il est froid, brutal, efficace, scalpel criminel qui opère sans anesthésie morale.
Sauf un jour où la morale l’étreint, où son code de samourai lui fait commettre un bien petit mensonge, plutôt un non-dit. Ce qui fâche son boss, un vieux truand old school et obtus.
La descente aux enfers commence pour Sun Woo, et le génie du film consiste à ce que l’on l’accompagne, le soutienne, le défende.
A bittersweet life est un film qui joue avec la morale, qui joue à cache-cache avec la bienséance, qui cache pour que le spectateur découvre seul la noirceur et l’abjection des personnages. On est très loin des excès de Joe Pesci, des œillades humides de Gandolfini ou de l’extrémisme d’un Park Chan Wook. C’est intensément subtil, étouffant, le cerveau fonctionne à cent à l’heure pendant que l’œil ne cesse d’être harcelé par des plans et une mise en scène surpassant la très grande majorité des films actuels. Le casting est sans reproche, du premier au dernier rôle.
Et ça se paie le luxe d’être drôle, en plus.
On peut souligner ici et là quelques exagérations, notamment dans les séquences d’action, mais après tout c’est un film, pas un documentaire. La photo et la mise en scène, d’une minutie frisant l’obsessionnel, font cependant passer les excès sans aucun problème.
C’est violent et c’est beau, c’est gore et c’est fin, c’est plus qu’une réussite, étant AMHA bien plus maîtrisé et intéressant que J’ai Rencontré le Diable. Même sans Choi Min Sik !
À voir, digérer, revoir et pleurer, car c’est pas demain la veille qu’on va avoir la chance de revoir un si bon film.