Pauvres daltoniens

Ce film est comme annoncé un voyage initiatique à travers une Inde colorée, fraiche et juteuse. On croque dans un citron sucré à pleines dents, il y a des couleurs partout, c'est acidulé et piquant parfois, avec des rappels à la réalité parfois drôles comme tragiques. Trois frères que tout oppose, se retrouvent catapultés dans un train de voyageurs frivole et pétillant, offrant à la base un close up attendu qui au final se révèle être une suite d'aventures se succédant à un rythme soutenu et maitrisé. En pleine quête spirituelle les trois rejetons sont épris de questions bouillonnantes concernant leur relation, et peu à peu toute démarcation s'efface pour montrer l'unité fraternelle qui les guidera vers une fin qui se propose comme un nouveau début.
Les trois frères sont criant de réalisme, on sent bien une enfance tourmentée et riche derrière chacun tout en présageant des conflits irréguliers et impulsifs. Le film est si beau que l'on pourrait immortaliser chaque cadrage, où ces trois grands enfants avide l'un de popularité, l'autre de prestige et le troisième de réinstaller un climat fraternel, forment un trio tant magique que fragile. La science de la symbolique et de l'accessoire riche à Wes Anderson se voit de manière récurrente, la canne pour l'un, les bandages pour l'autre, la clope moustache pour le troisième, tout cela dans des décors épurés et édulcorés sur des musiques très rock laissent un voile très sixties qui n'est pas pour déplaire.

Un beau film qui fait tour à tour rire et réfléchir sur sa propre situation et nous laisse béa devant la réflexion annoncée : "Si nous n'étions pas frères, serions nous amis pour autant ?"