Tout a été écrit sur ce mythe moderne à 24 images/seconde, à commencer par Jean Douchet pour qui il y avait "un avant et un après A bout de souffle". Plus que tout autre, le premier long-métrage de Godard révolutionna l'écriture film en renversant sur son passage une industrie cinématographique française confite dans l'académisme et le conformisme. C'est LE film de la Nouvelle vague, avec sa dose de provocation et un goût immodéré pour les citations et les digressions plus ou moins oiseuses qui deviendront la marque de fabrique de Godard. L'utilisation de la caméra portée magistralement maniée par Raoul Coutard, les décors naturels d'un Paris disparu, le jazz de Martial Solal et bien sûr la gouaille de Belmondo et la lumineuse présence de Jean Seberg en font une œuvre d'une fraîcheur toujours plus actuelle à chaque nouveau visionnement. A bout de souffle, Godard le sera certainement plus tard, mais en ce début des années soixante triomphantes, l'homme aux lunettes fumées devançait tous ses concurrents dans la course à la modernité.