À cause d'un assassinat par Biniou
1974, les USA sont en pleins marasme politique. Nixon n’a pas encore démissionné mais il est cœur du scandale du Watergate qui finira par avoir raison de lui, le Conversation secrète de Coppola vient de sortir et voilà que Pakula, futur réalisateur du génial, Les hommes du président livre sont quatrième film, A cause d’un assassinat. Ce formidable thriller paranoïaque est bien sur marqué au fer rouge par le contexte bien particulier de sa sortie, tout dans ce film rappelle le meurtre de Kennedy et le scandale qui se joue au même moment dans les plus hautes sphères de l’état, pourtant c’est un film abstrait, presque fantastique.
Le pitch est simple. Joe, un journaliste fouineur (Warren Beatty) soupçonne un complot politique après qu’une de ses amies qui lui avait fait part de ses inquiétudes ait été tuée…
Donc ça commence presque normalement, Joe enquête de son coté sur des choses troublantes, il commence à remonter une piste mais personne ne le croit, mais Pakula fait rapidement prendre un tournant décisif à son film ce qui lui permet d’éviter toute redite. A cause d’un assassinat devient au court de son récit un film angoissant, qui par sa mise en scène vertigineuse propose une description de la peur et de la menace terrifiante. Il y a un coté Big Brothers dans ce film, non pas dans l’organisation que découvre Joe, mais bel et bien dans la peur véhiculé, cette dernière est partout, tapis dans l’ombre elle vous prend à revers pour mieux vous planté un couteau dans le dos. Et c’est finalement ce qui est le plus fort dans ce film, c’est qu’il est hyper ancré dans son conteste politique mais son propos est tellement abstrait qu’il parle à tout le monde, quand on voit Joe courir après la menace sans se rendre compte qu’il est prit au piège, qu’il n’a aucune chance de s’en sortir, on a plus l’impression d’être dans un film de zombie que dans un thriller politique. Mais c’est logique, puisque c’est bien connu qu’un politicien à plus d’appétit que n’importe quelle bête.
The Parallax View c’est surtout un film radical, dans son propos comme dans sa forme. Sa sublime photo alternant magistralement lumière et obscurité, la manière de Pakula de filmer les hommes furtivement, comme des ombres angoissantes, le coté inéluctable de la défaite merveilleusement montré lors d’un raccord, si beau qu’il m’a mis les larmes aux yeux. Lorsque Lee vient confier à Joe ses angoisses, il ne l’a prend pas aux sérieux, elle part en pleurant, il va la rejoindre et la prend dans ses bras derrière un rideau blanc ou l’on distingue à peine leur silhouette, plan d’après Lee est dans un sac blanc à la morgue, je suis à terre. Ce raccord montre à quel point Pakula a pensé sa mise en scène et comment son propos passe par les images, une femme commence à disparaitre à l’écran et paf elle meurt, on n’échappe pas à son destin, ou plutôt, on n’échappe pas à sa paranoïa. Chef d’œuvre.