Jonas Carpignano signe un film inégal qui met du temps à démarrer. Heureusement, le film devient plus nerveux et brosse un portrait très intéressant de la mafia. Le film trouve ses scènes les plus fortes quand il aborde le poids des actes parentaux sur la vie des enfants mais surtout, Carpignano a trouvé en Swamy Rotolo une actrice prodigieuse pour le rôle principal.
Le film suit l'histoire de Chiara, 15 ans, dont la famille très unie s'effondre après que son père les a abandonnés en Calabre. Chiara va découvrir que son père est un maillon de la mafia calabraise. Elle va alors redécouvrir son père.
Le premier quart d’heure est assez laborieux. Censé montré l’unité familiale qui va s’effondrer progressivement, le début du film prend trop son temps, ronronne. La scène de mariage n’a aucun entrain et est assez interminable. D’autant que le cinéaste fait le choix d’enrober son film dans une espèce de soupe techno inaudible (un défaut hélas qui court pendant tout le film).
Heureusement, le film prend finalement son envol dès le départ mystérieux du père. La voiture du couple explose. L’imagerie de la famille italienne unie et idéale s’étiole et les relations familiales explosent. Carpignano sème dans son film une ambiance inquiétante. Le danger est désormais partout. L’ambiance est lourde. La mère et la sœur cachent quelques choses, le cousin est suspect. Chiara suit ses parents la nuit dans des scènes de filature pleines de suspens. Elle découvre un bunker sous sa maison qui servait de refuge à son père. Elle mène l’enquête dans une ambiance nocturne anxiogène qui doit beaucoup à la photographie très granuleuse.
Carpignano signe un portrait de la mafia assez étonnant loin des mecs à cigares comme dans la saga des ‘[Le] Parrain’. La mafia calabraise a quelque chose de minable, et pas par rapport aux intentions nocives mais plutôt par les manques de moyens. Les mafieux dealent leur drogue dans des fermes minables, se cachent dans des bunkers crasseux. Les dollars ne coulent pas à flot.
Le film évoque également la relation filiale et l’héritage familiale, ici paternel. Alors qu’il fallait quatre familles à Nanni Moretti dans son plan-plan ‘Tre Piani’, ce film est très simple et extrêmement fort sur le poids des actes du père et ses conséquences sur l’enfants. Fusionnelle au début dans sa relation avec lui quand elle était ignorante de ses actes, sa relation avec lui en est forcément chamboulée. Dès qu’elle découvre sa véritable activité, elle le suit dans son « travail », l’observe ébahie (et peut-être admirative). On comprend que cet héritage est tellement lourd, qu’elle n’aura de choix que d’y adhérer totalement ou de s’en éloigner définitivement. Elle devra faire un choix, mais sera-t-il le bon ?
Le rôle-titre est tenue par une actrice épatante. Boudeuse et fermée mais tenace et coriace, elle porte le film de A à Z, de la première à la dernière minute. Elle engueule sa mère, se brouille avec sa sœur, prend des risques insensés pour découvrir la vérité. Face à son père, elle a un comportement plus mutin et en fin ce compte une attitude assez enfantine, entre ébahissement et admiration sans borne.