En mettant "Hoi-sa-won" (de Marseille), je m'attendais à voir une sorte de film d'action quelque peu régressif, no brainer sans prétention, efficace comme les coréens savent nous en pondre parfois. Mon petit cerveau fraîchement ramolli par les vacances n'en demandait guère plus de toutes façons. Finalement, j'ai eu quelque chose d'assez différent, mais pas décevant pour autant, loin s'en faut.
DEVANT CE METS FIN, LIM Y EST
En effet, le film a de quoi surprendre, et m'a très vite ramené à un autre film coréen que j'adore: "A Bittersweet Life". Et pour cause: photographie très propre, scènes d'action lisibles et percutantes, une histoire qui prend le temps de se poser, grâce à une maîtrise ingénieuse de la narration à l'aide d'ellipses ("A Company Man" s'en sort mieux qu' "A Bittersweet Life" sur ce point, selon moi). Car si le film ne dure qu'à peine plus d'1h30, entre deux bastons bien senties, le réalisateur trouve le temps de nous conter une histoire, celle de Hyeong-Do, tueur à gages dévoué et très respecté dans l'entreprise à laquelle il a prêté allégeance. Car c'est bel et bien une entreprise, de métallurgie en façade, qui abrite une organisation d'assassins très structurée, avec ses codes, et son fonctionnement si particulier.
TU N'ES PAS DE TAILLE, KWON-DO !
Ce tueur donc, souhaite raccrocher (non mais allô quoi !), et ça, l'auteur prend aussi bien le temps de nous expliquer les tenants et aboutissants de sa décision. Alors certes le scénario est archi-conventionnel, mais je me suis surpris à me demander s'il allait, comme dans tout bon film coréen qui se respecte, y avoir une histoire de vengeance (je ne vous dirai pas si c'est le cas, z'avez qu'à le voir, oh !). Il est question de romance avec la belle Mi-Yeon, de choix moraux, de Maserati, mais je n'en dirai pas plus.
J'ai pu voir ici et là que le rythme de "A Company Man" a été souvent critiqué. A mon sens, réussir en si peu de temps à donner autant de consistance, que ce soit sur le plan des interactions entre les protagonistes, les choix ainsi que leurs conséquences, tout en intercalant de bonnes scènes d'action et un final en mode "Hard Boiled" que n'aurait pas renié un John Woo des grands jours, constitue une performance tout à fait remarquable. Peut-être l'oeuvre perd en fluidité ce qu'elle gagne en profondeur ? Toujours est-il que c'est globalement maîtrisé, divertissant, et que l'on a affaire au tout premier film de Lim Sang-Yoon !
SINGIN' IN THE REFN
Le casting est globalement bon, So Ji-Sub en tête, et nous ramène une fois de plus au chef d'oeuvre de Kim Jee-Woon, tant le héros ressemble à Lee Byung-Hun et transpire la classe. Très à l'aise dans l'action, brun ténébreux, mutique inexpressif et mystérieux (pléonasme ?) dans les scènes "de tous les jours", il n'est pas sans rappeler Ryan Gosling (mais en mieux car brun, bien évidemment) dans ses derniers rôles (je m'attendais presque à un "Wanna fight ?" ou un "Hey, you want a toothpick ?" dès qu'il l'ouvrait, c'est dire !).
Alors certes, c'est loin d'être parfait, on a droit à notre lot de raccourcis et autres facilités, mais bordel, pour un premier film, le soin apporté à l'ensemble a de quoi faire pâlir bon nombre de réalisateurs occidentaux ! Reste une petite déception du côté du son, pas une musique ne restera tant la bande originale se révèle quelconque.
En bref, si vous recherchez un film d'action court, lent et efficace (oui oui, tout ça en même temps), simple et sans prétention, ne cherchez pas plus loin !