Après un passage remarqué et décrié dans une galaxie fort fort lointaine (Star Wars VIII), Rian Johnson s’invite dans l’univers feutré et ultra-codé du « Whodun’it » qu’il vient chambouler comme le sale gosse qu’il est.
Il y insuffle un vent de modernité et relooke la vieille dame avec mordant. Les personnages ont beau avoir un look très sixties, ils sont ancrés dans notre époque socialement et technologiquement avec réseaux sociaux, chaines d’infos en continu et autres objets connectés. Une vraie bonne idée qui permet de sortir des sentiers battus du genre et de le rattacher au XXIème siècle. Johnson en profite pour jouer la carte de l’autodérision et du second degré afin de créer une connivence ultime avec les spectateurs.
Mais comme dans son Star Wars, Rian Johnson navigue entre les deux (le sérieux et le comique) sans que jamais l’un l’emporte sur l’autre ce qui donne une vision bancale à son ensemble. A force d’être assailli de clins d’œil appuyés, le spectateur peut se sentir exclu du sort réservé aux personnages.
Mais ce serait faire la fine bouche car le film regorge de pépites - certaines scènes sont à mourir de rire - et se propose comme un écrin rutilant et précieux pour ses acteurs. Et puisqu’on parle des personnages, c’est avant tout pour ce casting incroyable qu’il faut aller voir le film.
Même si on ne s’arrêtera pas sur chacun d’eux, il faut saluer le contre-emploi de Chris Evans et la jubilation visuelle, auditive et oratoire procurée par un Daniel Craig qui cabotine et nous subjugue avec son rôle de Benoit Blanc - une sorte d’arrière-petit-fils spirituel d’Hercule Poirot - détective français prétentieux, vaniteux et arrogant. Français donc ;)
On assiste à des prestations, des performances, des battles d’acteurs à leur pinacle. Qu’il est savoureux et croustillant de suivre leurs échanges. Le reste est assez prévisible et d’honnête facture, le film aurait gagné à être plus resserré, mais la promesse du bon moment est tenue. C’est toujours plus que dans Star Wars VIII.
https://cestcontagieux.com/2019/11/27/a-couteaux-tires-de-rian-johnson-la-chronique-arsenic-et-vieilles-dentelles/