Est-ce que Rian Johnson est parvenu à se remettre à niveau après le fiasco, dans lequel il a une part non-négligeable de responsabilité, du deuxième volet de la dernière trilogie Star Wars ?
Ben oui, il est à croire que l'univers de meurtres, de mystères, de coups tordus, de rebondissements, de personnages excentriques, de whodunit, qui, bien évidemment, fait penser à du Agatha Christie, sied beaucoup mieux au cinéaste-scénariste que celui des Jedis.
On se rappelle des adaptations cinés dans les années 1970-1980 des romans de la Reine du crime, avec des distributions de gros malade, où chacun avait une partition précise à jouer ; ben ici, on a aussi une distribution de gros malade, où chacun a une partition précise à jouer, même si on peut regretter que les deux plus jeunes membres de la riche famille ne soient pas plus exploités. Cela fait sérieusement envie, très sérieusement envie.
À la tête du casting prestigieux, on a bien sûr un Hercule Poirot dans le corps d'un James Bond, ça, c'est enthousiasmant, ça donne envie, c'est inattendu de voir cela donc jouissif. Mais celle qui domine sans conteste, et pas seulement du fait d'un temps de présence beaucoup plus important, c'est notre protagoniste de gentille et brave infirmière brésilienne ou équatorienne ou cubaine ou uruguayenne, incapable de mentir sans vomir, qui n'a pas à se forcer pour devenir très attachante dès les premières secondes. Ana de Armas est excellente dans le rôle, vraiment une agréable surprise. Je ne la connaissais pas, je ne demande qu'à la connaître encore plus.
Côté scénario, on pourrait croire qu'il s'agit d'une adaptation d'un Agatha Christie. Que nenni, il s'agit d'un Rian Johnson scénario original à cent pour cent. Ce qui prouve que c'est un scénariste talentueux quand il n'y a pas de sabres laser. C'est retors, cela parvient à être assez imprévisible globalement, c'est bien construit. Même le grand fan de ce genre que je suis, donc inévitablement habitué à quelques ficelles, a été piégé sur beaucoup de choses.
Le tout mené à vive allure pour qu'on n'ait pas le temps de s'ennuyer, dans des décors mémorables, particulièrement celui de la propriété cela s'entend, savamment mis en évidence pour bien cadrer l'intrigue et pour mettre en place l'atmosphère, et avec une bonne dose d'humour. C'est du divertissement de grande qualité, c'est du plaisir tout sauf coupable. À savourer sans aucune modération.