Quand je lançais, sans conviction, la projection de ce film que j’ai souvent vu cité dans des articles de Collider ou encore IGN, sans prendre le temps de les lire, j’étais loin d’imaginer ce qu’il allait se passer. Une intrigue alambiquée et efficace, le tout saupoudré d’une ambiance tout droit héritée des récits policiers des grands auteurs du genre, menée à bien par un casting complètement fou dont un Daniel Craig étonnant, très éloigné des rôles auxquels il nous a habitué ces vingt dernières années ! Une totale découverte pour le meilleur…
Une affaire de famille
Lendemain d’anniversaire difficile pour les différents membres de la famille Thrombey. Après une soirée très animée organisée à l’occasion du 85e anniversaire du patriarche dans le manoir familial, il est retrouvé mort dans sa chambre. Apparemment, il se serait suicidé. Une enquête est alors ouverte avec la participation du célèbre détective, Benoit Blanc. L'enquêteur et les deux policiers dépêchés sur place se lancent alors dans l’interrogatoire des représentants de cette famille dysfonctionnelle aux personnages hauts en couleur, des servants et de l’infirmière du défunt romancier, Marta, devenue sa meilleure amie et confidente… Et en à peine quelques heures d’enquête, force est de constater que cet étrange suicide semble bien arranger nombre d’entre eux...
Présumés innocents ?
La plupart des gens nés entre 80 et aujourd’hui ont souvent été confrontés à des adaptations télévisuelles ou cinématographiques de récits policiers d’Agatha Christie et de Sir Arthur Conan Doyle mettant en scène des enquêteurs charismatiques comme Miss Marple, Hercule Poirot ou encore Sherlock Holmes. En reprenant les bases de ce type d’histoires et productions, Rian Johnson nous offre cette enquête pleine de surprises en s’allouant les services d’un nouveau détective créé de toutes pièces et à qui Daniel Craig prête ses traits : Benoit Blanc.
L’affaire Thrombey aurait pu être classée comme un suicide et tout le monde serait reparti chacun de son côté. Mais les doutes du détective dépêché pour l’occasion, ceux des deux agents ainsi que les griefs très nombreux des différents protagonistes envers la “victime” de cette mise à mort justifient de mener l’enquête. Dans une ambiance paranoïaque palpable, les différentes pièces de ce puzzle meurtrier vont petit à petit se mettre en place. Mais la réponse la plus évidente n’est pas forcément la bonne. Nos nerfs vont être mis à rude épreuve tout au long de ce visionnage. Les langues vont se déliées, les masques tomber et la vérité éclater ! Le tout avec un rythme effréné et une mise en scène maîtrisée.
Interrogatoire musclé
Comme nous l’avons fait remarqué dans la première partie, l’atmosphère qu’on retrouve dans Knives Out rappelle, sans l’ombre d’un doute, celles des films et séries policiers qu’on croise régulièrement à la télévision et au cinéma depuis plusieurs décennies. Cette tendance impacte donc fatalement l’esthétique du manoir où se déroule l’action. Le mobilier et la décoration de la demeure où se trame la plus grande partie de l’intrigue paraît tout droit sorti d’une description d’Agatha Christie. D’ailleurs, mis à part l’aura très particulière de cet endroit, l’esthétique de la plupart des autres lieux traversés est classique et sert juste de toile de fond pour que le récit avance. Les vraies forces de cette production sont ses personnages, son casting, et son scénario. Le jeu des acteurs est bluffant. Un Daniel Craig étonnant dans son rôle de détective un brin fantasque, un Chris Evans qui campe un héritier arrogant et insupportable ou encore un Christopher Plummer irrésistible dans la peau de ce patriarche désespéré par l’attitude déplorable de la plupart des membres de sa famille. C’est portée par des protagonistes aux motivations pas toujours très correctes que l’intrigue va tisser une toile qui va nous emporter tout au long de son développement. Chaque fois que l'on aura l’impression d’avoir les bonnes réponses, l’histoire nous confrontera à une nuance qui fera s’écrouler nos théories comme un château de cartes. Le tout avec une légèreté et une accessibilité qui permettra à la plupart des gens de rentrer dans le film sans trop se forcer. Une espèce de vulgarisation du récit policier tout en en gardant les nuances qui en font sa profondeur. La bande son sans être mémorable, accompagne avec justesse et efficacité les différents passages et ambiances que nous propose cette oeuvre de Rian Johnson.
“This is a twisted web” : Très bonne surprise de ces dix dernières années, Knives Out est un bon moyen de replonger dans l’atmosphère délicieusement paranoïaque des films policiers traditionnels. Généreux, digeste et rafraîchissant, la production réussit à marier l’accessibilité du blockbuster à l’activité cérébrale attendue lorsqu’on se trouve fasse à ce type de narration. Avec sa mise en scène brillante, ses acteurs à couper le souffle et des personnages diablement bien écrits, Knives Out fait partie de ces œuvres inoubliables qui, sans chercher à réinventer un genre, se réapproprient brillamment tous ses codes pour atteindre la quasi-perfection.