C'était là un de mes principaux espoirs de 2017, et je ne suis pas déçu. Si la rigidité du fond typique des productions américaines empêche toute spontanéité dans le développement de la trame et finalement d'effet de surprise réel (seules quelques scènes chocs pourront secouer ponctuellement, l'ensemble sera plutôt tranquillement glauque que véritablement maladif), sentir l'assurance de la mise en scène et le confortable budget qui soutient l'entreprise fait immédiatement plaisir. Oui, A cure for life a du pognon, et pour une entreprise qui se lance dans une approche classique de l'horreur médicale avec des lieux de grande ampleur, cela satisfait immédiatement. Il est d'ailleurs fort appréciable de constater les partis pris esthétiques installés dès le premier plan (les écrasants buildings dans des nuances vert-gris) et les décors naturels des établissements thérapeutiques, très aérés puis peu à peu pervertis par l'enfoncement dans les recoins peu reluisants, qui posent déjà un langage classique qui dépeint à défaut d'impressionner.
Concernant les thématiques, le film ne le cachait pas dans sa bande annonce, la cure n'a pas de vertus bénéfiques pour tout le monde. Hélas, c'est surement là aussi que le film pourra en frustrer certains, car sa générosité visuelle ne densifie pas pour autant son fond finalement résumé à peu de choses. Il en sera de même pour certaines idées comme l'apparente dépendance des patients à la cure, idée qui ne sera jamais complètement développée. Le film se contredit occasionnellement dans la forme, en montrant dans sa description des lieux beaucoup de personnes vieilles et nues, mais qui prend la peine de montrer plus tard des corps flottants en bocal, tous vêtus d'un slip. Si on est dans le glauque médical, pourquoi avoir joué la pudeur alors que la nudité cadavérique est justement un élément capital du malaise global ? Heureusement, les thématiques opposant moralité et triomphe d'une science malade sont davantage étayées par les codes visuels, la vie maladive dans les building de la Bourse se retrouvant opposée à des exploiteurs qui prennent pour prétexte l'absence de but de l'humanité pour l'utiliser à leur fin.
En termes d'influence, l'ombre de Del Toro plane sur la partition musicale (on pensera au labyrinthe...), pendant que le film évoque le cercle, et une version montagnarde d'Evolution d'Hadzihalilovic, en faisant un détour par
le fantôme de l'opéra.
Le film parvient toutefois à garder une belle cohérence visuelle, et se révèle sympathique même dans ses moments les plus faibles, à l'image de ce détour en ville avec tous les petits détails comiques (maurice le tueur en série qui arrive les mains pleines de sang, raoul le gothique qui tente une percée...). Jamais en reste, toujours soigné malgré son côté parfois redondant (au bout de 3 fois, on se doutait bien qu'une anguille allait sortir des chiottes), A cure for life est un gros 6/10 à défaut d'un 7 plein et entier, mais un effort louable dans le paysage, qui sera probablement remarqué agréablement par les amateurs de genre. Tout à fait recommandable, et rassurant pour la carrière de Gore Verbinski.