Après la traumatisante noyade de son projet d'adaptation du jeu vidéo Bioshock - horrifique aventure dans une cité sous-marine construite pour échapper aux problèmes sociaux, politiques et religieux du monde post-Seconde Guerre Mondiale - Gore Verbinski nous livre avec A Cure For Wellness un haut château de mystères sans conteste hanté par le spectre de ce projet. Semblant consumer toute son amertume pour cette frustration artistique, le cinéaste invoque des thématiques semblables (l'importance de l'eau, évidemment, mais aussi l'écart des maux de la société, les expériences, la figure de l'enfant) pour mieux faire face au système et ses grosses entreprises, griffe évidente contre les studios. Plus motivé que jamais, telle la bouffée d'air salvatrice après une respiration longuement retenue, Verbinski déchaîne son inventivité visuelle dans un maelstrom d'images aussi splendides que baroques, nourri par une berceuse entêtante dans un décor oscillant entre le gothique et le steampunk. Le film est long, très long, inquiétante générosité qui ne sert que mieux l'humide menace qui contamine insidieusement le personnage de Dane DeHaan, fichtrement cinégénique. Après un climax iconique entre la Hammer et le cinéma de cape & d'épée, A Cure of Wellness se clôt sur une expression troublante, ultime ironie d'un réalisateur dont cette cure de 2h30 se révèle réussie.
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