Il fallait oser faire un film d'époque basé principalement sur la psychanalyse, et le conflit entre deux têtes en la matière, le tout sur un fond de désirs refoulés (ou assouvis parfois), de masochisme, et de combat avec la raison et le bon sens.
Cronenberg ose ici mais ça ne suffit pas:
ok c'est surprenant, notre curiosité est vite piquée par cette relation entre la patiente et son médecin qu'on sent tout de suite ambivalente.
Et puis ça s'enlise, le personnage joué par Vincent cassel est imbuvable, c'est un peu comme si c'était la mauvaise conscience du gentil docteur Jung, son mister Hyde qui débarquerait d'on ne sait où, distillait ces idées et repartait comme il était venu, en laissant ses idées germer.
Sa présence est donc nécessaire pour faire avancer l'intrigue, mais n'empêche qu'elle me donnerait presque des boutons un personnage comme ça.
Le film n'est pas mauvais en soit, il est surtout long et pas toujours passionnant, alors que quand on y prend garde, le sujet est riche.
On retiendra:
un Viggo Mortensen plus méconnaissable que jamais, curieusement convainquant dans le rôle du vieux Freud plaisantin qui commence à s'encrouter et compte s'attacher à sa suprématie dans un secteur qu'il a créé.
une Keira Knightley troublante: à la lisière du ridicule et du convainquant dans son interprétation de la folie, on ne sait pas si on doit en rire ou en avoir peur, effet garanti
la tentative de traiter de la psychanalyse à l'écran, d'expliquer les difficultés à interpréter la pensée d'autrui, de savoir jusqu'où on peut ou doit l'aider à se comprendre, où l'interprétation du mal devient une réécriture de l'individu, bref toutes les questions soulevées ici sont vraiment passionnantes.
On oubliera bien vite:
l'absence de charisme de l'ami Fassbender, mais vu que le personnage qu'il interprète semble effacé, ça pourrait être volontaire (cela dit il ne m'a que rarement convaincu dans ces films..)
Vincent Cassel dans le rôle du prédateur pédant et casse pied à force de suffisance et de grandes théories sur le thème du "baisons avant d'être baisés"
les longueurs presque attendues sur un sujet aussi psychologique - donc forcément causant, mais néanmoins pesantes.