Le démon du midi
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Troisième film de Claude Chabrol, À Double Tour, sorti en 1959, nous emmène au cœur de la bourgeoise provençale pour y suivre les péripéties d'un couple fragile qui va se retrouver face à un nouveau et sulfureux voisin.
En adaptant le roman The Key to Nicholas Street de Stanley Ellin, Chabrol nous immerge à Aix-en-Provence, mettant en scène une famille bourgeoise qui va voir sa petite vie bousculée lorsqu’un voisin, s'ajoutant aux errements du couple, va venir mettre le bazar. Débutant avec un générique strident, À Double Tour permet à Chabrol d'instaurer un climat de plus en plus pesant, où il va peu à peu tomber dans le thriller policier.
L'œuvre est distinctement scindée en deux et Chabrol propose une intéressante et ambiguë étude de caractère, lui permettant d'analyser la bourgeoisie et d'en tirer une violente satire, avec des portraits de personnages très bien écrits, où la principale opposition sera entre la mère détestable ainsi que son fils et un Lazlo qui en est le contraire, avec plusieurs séquences marquantes. Peu à peu, il fait monter la tension jusqu'à une dernière partie tout en suspense où le dénouement est parfaitement bien mené.
Malgré une écriture de qualité (tant pour les dialogues que l'avancement de l'histoire ou les personnages), À Double Tour peine légèrement lorsque Chabrol se montre un peu trop lourd dans sa mise à mal de la bourgeoisie, perdant en nuance notamment face au jeune personnage anarchiste de Lazlo. C'est dommage, car à côté de cela, il propose une mise en scène efficace avec une ambiance prenante, tout en dirigeant plutôt bien ses acteurs et malgré un jeune Jean-Paul Belmondo parfois un peu dans l'excès, alors que son personnage inspirera Godard dans A bout de souffle.
Si Chabrol perd parfois en justesse lorsqu'il charge la bourgeoisie, À Double Tour n'en reste pas moins une œuvre efficace et prenante, avec des personnages bien écrits et intéressants, ainsi qu'une tension qui s'accentuera dans la dernière partie du film.
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le 10 août 2018
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