Le démon du midi
Troisième long-métrage du jeune Claude Chabrol, "A double tour" est l'un des premiers films estampillés "Nouvelle vague", sorti quelques mois à peine après "Les quatre cent coups". Et divine...
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le 31 mai 2022
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Troisième long-métrage du jeune Claude Chabrol, "A double tour" est l'un des premiers films estampillés "Nouvelle vague", sorti quelques mois à peine après "Les quatre cent coups".
Et divine surprise, il s'agit d'un film en couleurs, d'autant que la magnifique photo signée Henri Decaë - dont les coloris pastel évoquent l'âge d'or d'Hitchcock - met superbement en valeur le décor méridional d'Aix en Provence.
Après une scène pré-générique angoissante qui laisse entrevoir un cadavre, le film débute dans une grande villa bourgeoise, dont on découvre peu à peu les habitants. Les premières minutes inquiètent, à cause de l'insolence puérile très auto-satisfaite de cette jeunesse à la mode nouvelle vague.
Mais bien vite, on comprend qu'"A double tour", première collaboration de Chabrol avec son fidèle complice Paul Gégauff, constitue en réalité un prototype de l'œuvre chabrolienne, à base d'explosion de la cellule familiale bourgeoise traditionnelle, minée par ses contradictions, sa lâcheté et son hypocrisie, qui aboutira évidemment à un drame.
Cela dit, "A double tour" n'est pas un film policier, car le crime n'est qu'un prétexte narratif, comme souvent chez Chabrol, d'ailleurs la phase située entre la découverte du cadavre et les aveux de l'assassin n'excède pas dix minutes...
Dans ses conditions, difficile d'évaluer ce film de jeunesse, puisqu'à l'époque la satire de la bourgeoisie de province, doublée d'une comédie de mœurs, présentait un véritable intérêt, couplée à une liberté de ton et à une mise en scène innovante (inserts d'éléments naturels tels qu'un paon ou un coquelicot, déconstruction chronologique du récit,...).
Alors qu'à l'inverse, avec un regard contemporain, on y voit surtout un prototype souvent réitéré par son auteur, un peu brouillon, inégal, au rythme parfois mollasson…
Chacun se fera donc son idée, mais "A double tour" mérite sans doute le coup d'œil, ne serait-ce que pour son casting hétéroclite, dominé par un Jean-Paul Belmondo encore débutant ("A bout de souffle" ne sera tourné que l'année suivante), au sein duquel on remarque également Madeleine Robinson en bourgeoise humiliée, Bernadette Lafont en jeune bonne court-vêtue, et le méconnu André Jocelyn, bluffant en fils de famille perturbé...
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le 31 mai 2022
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