A feu et à sang (the Cimarron Kid)

Il me parait intéressant de mettre en perspective deux westerns qui traitent le sujet Bill Doolin à quelques années d'écart : the Doolins of Oklahoma (1949) par Gordon Douglas et "A feu et à sang" (1952) par Budd Boetticher qui sont pour l'un et l'autre dans les premiers westerns qu'ils ont tournés.
J'ai aussi une troisième version de l'histoire mais bien plus récente (1981)" Bill Doolin le hors la loi" avec Burt Lancaster dans le rôle titre, dont c'est un de ses dernier western ... C'est dire que ce western n'est pas vraiment comparable.
Et il existe sûrement d'autres versions que je ne connais pas...

Revenons à "à feu et à sang" qui raconte l'histoire, romancée, du jeune gangster Bill Doolin qui fut un temps l'ami des frères Dalton dont il prit la succession suite à leur élimination et passera en coupe réglée l'Oklahoma.
Que ce soit dans le film de Douglas ou dans le film de Boetticher, Bill Doolin est présenté comme le héros qui a mal tourné du fait de ses fréquentations et qui rêve de se mettre au vert après un dernier coup, celui nécessaire pour avoir enfin les moyens de recommencer sa vie. Le rôle est tenu par Randolph Scott chez Douglas et par Audie Murphy chez Boetticher. Dans les deux films il en ressort un personnage plutôt attachant.
Ensuite, le film de Douglas aura une connotation plus politique en mettant l'accent sur la nécessité de débarrasser le pays de tous ces hors-la-loi que n'aura pas le film de Boetticher qui se concentre beaucoup plus sur l'aspect romantique de la bande et sur le personnage de Bill Doolin.

La mise en scène de Budd Boetticher dans "A feu et à sang" est efficace.
Exemple la scène où la bande est attirée dans un centre-ville puis coincée par les poursuivants. La bande parvient à s'échapper à travers une gare de triage grâce à la manœuvre de la plaque tournante des locomotives et à la présence de vapeur qui s'échappe des machines qui crée une atmosphère irréelle inhabituelle dans un western et une protection des gangsters pendant leur fuite.
De même, le double hold-up simultané dans une ville (pour créer une diversion) est parfaitement bien rendu et clair pour le spectateur alors que l'action est plutôt complexe.
La caméra assez nerveuse permet d'enquiller les différentes scènes et actions sans temps morts et donne un film une dynamique dans laquelle le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer.
Le technicolor employé dans le film contribue à rendre le film sympathique et agréable.

Une particularité de ce film à mentionner est la présence de deux actrices dont l'une, surtout, est Yvette Duguay (américaine mais née à Marseille...) qui est la compagne d'un des gangsters et qui suit la bande en rendant de menus services d'espionnage ou de repérage.
La deuxième actrice, beaucoup plus classique, est amoureuse de Bill Doolin et essaie de le manœuvrer pour qu'enfin il abandonne ses activités coupables.

Même si, il faut bien le reconnaître, Audie Murphy n'a pas le charisme d'un Randolph Scott, il n'empêche qu'avec son visage un peu poupin, il tient bien son rôle de (jeune) bandit, au grand cœur, qui refuse de tuer sans nécessité et qui est piégé par sa propre histoire sans pouvoir s'en dépêtrer.

Au final, c'est un western parfaitement regardable et bien sympathique où Boetticher développe une empathie certaine pour ses héros.
Du fait de sa portée générale qui tient plus du divertissement que du message, "A feu et à sang" sera un peu en retrait par rapport à "Face au châtiment".