A une époque où pratiquement plus une scène de dialogue en voiture n'est filmée en dehors d'un studio, avec la vilaine incrustation de la route qui défile derrière les vitres et qui donne l'impression que tous les films et séries du XXIème siècle ont été tournés quelque part entre les années 40 et 60, A fond fait preuve d'une audace technique qu'il est essentiel de mettre à son crédit.
Ce "Speed à la française" déroule un scénario qui sent bon la photocopieuse et sort les ficelles les moins fines de la comédie hexagonale, quitte faire craindre le pire lors de son ouverture poussive et à gâcher une partie de son casting (Dussolier est gênant à en faire des caisses et Foresti semble se caricaturer elle-même), mais il joue à fond la carte du vrai film d'action et déploie des moyens impressionnants, étirant sur plus d'une heure une course folle qui a été intégralement filmée sur route, à vitesse réelle, avec les acteurs dans l'habitacle.
Ce souci d'authenticité apporte un vrai coup de fouet à ce road movie catastrophe qui réussit parfaitement le pari du mini blockbuster franchouillard : ça finit par être assez fendard (le running gag avec le poursuivant manouche est grossier mais très drôle) et surtout ce parti pris rare (se débarrasser des scories des effets CGI et autres trucages désespérants à force d'être devenus monnaie courante) permet de renouer avec l'esprit du film d'action à l'ancienne - si le modèle est évidemment Speed, l'engagement physique de l'équipe technique et artistique évoque aussi certains Belmondo.
Et ça, ça fait plaisir !