Ce qui reste
Un simple drap pour raconter une histoire de fantôme. Comme si nous étions revenus à l'âge de l'enfance. Mais une histoire comme aucune autre. C'est une histoire sur ce qui reste. Comme la lumière...
le 10 janv. 2018
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Sortie d’un contexte d’épouvante, la vie d’un fantôme n’a rien de bien palpitant. En errance sur les lieux de son passé, il se pose là, condamné à observer le monde vivre sans lui sans pouvoir prendre part à l’action, toute similitude avec le spectateur étant fortuite. Et forcément quand il s’agit de regarder Rooney Mara manger une tarte entière pendant 5 minutes (montre en main) on se dit que la mort à un goût de fardeau et que l’on s’amuserait bien plus si elle se glissait avec nous, sous ce drap, et que l’on … bref.
Il serait pourtant inconvenant de se résigner et d’ainsi mépriser les vertus du temps. Un peu comme à l’achat d’une maison, il faut prendre ses marques, rencontrer ses voisins, appréhender les lieux, pour ensuite commencer à apprécier le rythme de sa nouvelle vie, ou mort selon le point de vue. Une fois le spectre de l’ennui évacué, on renoue petit à petit avec la beauté du silence et la joie de la contemplation, des plaisirs bien trop rares dans le cinéma contemporain. Et non Terrence Malick n’est pas affilié au projet ne prenez pas peur.
Aussi simple que géniale, l’apparence du fantôme enveloppe l’œuvre sous un voile d’absurde rendant l’ensemble encore plus déroutant et intriguant. Pas sans rappeler le sans-visage du voyage de Chihiro, notre héros nous apparait immédiatement sympathique déjouant directement les codes des films de spectres habituels. Figure mutique, il n’en reste pas moins communiquant de ses émotions. De là à dire que Casey Affleck n’a jamais été aussi expressif que caché sous un drap, je vous en laisse bon juge.
Fantastique sans être fantasmagorique, le récit pose un regard passionnant sur la mort et ses tourments, le temps et ses changements. Mourir deux fois, encore une idée de poète, mais comme nous le rappelais encore récemment Coco, la vraie mort réside dans l’oubli. Et si la puissance évocatrice des images et des silences se suffisait amplement, le réalisateur nous servira tout de même un petit monologue philosophique, juste au cas où. Intimiste et touchant, A Ghost Story est arrivé sans bruit, et repartira de la même façon, ne laissant derrière lui qu’un grand vide et une flopée d'émotions.
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Créée
le 12 déc. 2017
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