Fantôme lo-fi et poésie vaporeuse

A l'heure de la surenchère numérique et des effets spéciaux boursouflés, la sobriété a parfois du bon. Et quand c'est à la faveur du long-métrage, c'est encore plus louable. Avec A Ghost Story, David Lowery fait dans le contre-pied permanent : derrière son grand drap blanc, le fantôme campé par l'excellent Casey Affleck n'effraie pas. Mieux, il émeut. Car après la mort du personnage, le film se centre sur le personnage du fantôme et son impuissance devant la tristesse et le deuil de sa femme. Au point que l'on ne saît plus, finalement, lequel hante l'autre.

Simple, sans effet, le personnage rappelle le style des films de Spike Jonze ou de Michel Gondry. Et la mélancolie et la poésie qui sortent de ce long-métrage aussi. David Lowery réussit son pari en prenant des choix expérimentaux audacieux (que les amateurs du cinéma de Terrence Malick ne devraient pas renier... Et les détracteurs apprécieront l'humilité qui manque parfois chez Malick et qui est ici bien présente) et en installant une atmosphère planante et vaporeuse, qui rappellent parfois quelques réussites récentes du cinéma indépendant comme Under the Skin ou dans un autre registre, It Follows.

Des prises de risques qui pourront rebuter certains : il faut accepter les longs plans-séquences parsemées tout au long du film ou les voyages dans l'espace temps qui donne à A Ghost Story une certaine dimension métaphysique. Mais si tel est le cas, la poésie et la simplicité de ce film ne vous laisseront pas de marbre. Lumineux et incarné, A Ghost Story a définitivement tout d'un grand film.