Je m'excuse d'avance pour les fautes de frappe, de grammaire, etc. Je n'ai aucune envie de me relire.
6, c'est clairement une note parce que ce sujet est tellement important qu'il faut mettre ce film en avant. Je passerai rapidement sur les défauts et qualités du film pour pouvoir parler de ma propre petite histoire personnelle juste après. Et je ne m'épancherai pas dessus sur de longs paragraphes fastidieux, parce que je ne veux pas que SensCritique devienne (davantage) le journal intime où on confie son mal-être. Ca m'est propre, c'est mon histoire et je souhaite garder l'essentiel pour moi. Et c'est d'ailleurs ce que tout le monde devrait faire. Car je vois parfois des critiques, des anecdotes tellement personnelles qu'elles me mettent mal à l'aise. Et ça vaut aussi quand je relis certaines de mes critiques.Je crois que c'est important de vous expliquer pourquoi ce sujet me touche et pourquoi je surnote allègrement, dans le respect de ma propre vie privée. ne tombons pas dans le misérabilisme non plus.
A girl like her raconte l'histoire de Jessica, une lycéenne qui, dès le début du film, va faire une tentative de suicide avec des médicaments. A Girl Like Her est filmé comme un documentaire : à l'aide de la caméra de son copain, de la caméra d'un reportage et d'une micro-caméra qu'elle a gardé avec elle pendant six mois. Le film se découpe en deux parties : comprendre ce qu'elle a vécu, et comprendre ce que la dite harceleuse a vécu. Et c'est là tout l'intérêt du film, on s'attache à montrer la psychologie du "bourreau", comprendre pourquoi elle a agit ainsi. tout réside dans sa prise de conscience, lente mais qui arrivera finalement.
A girl liker her, pour un tel sujet, est totalement dans le pathos. Certaines images sont difficiles à regarder, à concevoir, beaucoup moins malgré tout que l'incroyable Despues de Lucia, le film le plus insoutenable pour moi que j'ai pu voir dans ma vie. Ici, si on montre parfois la violence morale et physique, elle est toujours saupoudrée du présent (parce que le film suit le fil directeur de l'après tentative) et de la réaction de la famille, du lycée par rapport à cette tentative de suicide. Si le sujet est évidemment essentiel, le traitement est vraiment à revoir. Que les personnages, les situations soient éculées, ce n'est pas grave. C'est bien de prendre des stéréotypes parfois pour démontrer quelque chose. Oui, Jessica, la victime, est timide et refermée sur elle-même. Oui, Avery, la harceleuse, est la blonde populaire du lycée, ultra clichée. Mais après tout, pour bâtir une morale, on a parfois besoin de concret, de vécu, de vrai. Un cliché n'est pas forcément une mauvaise chose. Un cliché peut aussi venir de la réalité.
Là où le traitement est parfois scandaleux, c'est par son manque de rigueur scénaristique et par ses trop longues séquences d'émotion, notamment à la fin. On a parfois l'impression d'être devant un teen-movie, et que l'aspect documentaire n'est là que pour renforcer le réel. Il est assez mal utilisé. En dehors de ça, A girl like her a quand même le mérite de vouloir s'attacher aux deux côtés du drame, comme a pu le faire d'ailleurs avec un vrai génie Denis Villeneuve dans Polytechnique, où il racontait une tuerie en prenant le point de vue de l'auteur.
Pour en venir à ma propre expérience, ça m'est arrivé plusieurs fois. Au collège, à chaque fois, ce qui équivaut un peu au lycée dans ce film tant les gens ne se rendent pas compte du mal qu'ils font. Le lycée, chez nous, n'avait rien à voir. Je trouve que ça devrait être un des sujets majeurs actuellement, au lieu d'entendre des conneries sur tout un tas de sujets, et même des conneries sur l'éducation des enfants. Le harcèlement, ça existe, et ça ne se traduit pas toujours par un suicide. Parfois, on vit avec. Parfois, on a une bande de potes, parfois ils nous larguent, et un d'entre eux décide de nous faire vivre l'enfer. On est crédule, on a mal, on souffre, on est trop gentil, et on se laisse mal regarder, on se laisse humilier devant les gens, insulter, devant d'autres amis, en public. On se laisse appeler par des surnoms insultants, faisant référence à des parties de corps, de visage. On se laisse marcher dessus. Ca a duré un an, peut-être plus. Jusqu'à ce qu'il parte. Il m'avait déjà frappé, aussi, enfin, on se battait, c'est ce à quoi ça ressemblait, mais pas vraiment en fait, car je ne me battais avec personne. Mais c'est tellement rien, c'est tellement rien face à cette pensée qui surgit en nous : change de trottoir pour l'éviter. Ca ne repose sur rien. Il ne te fera peut-être rien. Mais il te fera changer de trottoir, parce que tu auras peur de. Parce que tu vas craindre l'autre. Tu es devenu de la merde, tu es devenu ce qu'il laisse penser que tu es. Et c'est le pire, l'assimilation. C'est tellement bête, en y repensant. Mais c'est un age ultra-important, c'est pourquoi c'est un sujet d'autant plus important.
C'est peut-être rien, se faire insulter. On a qu'à répondre. C'est ce que me disaient mes parents. et je les aime, mes parents, plus que tout au monde. Et ils se rendaient compte, je suis sûr, de la gravité de la situation. Mais pas autant que moi. Parce qu'ils ne le vivaient pas. Parce que le harcèlement, c'est pas forcément évident. Il n'y a aucun panneau qui montre que, tiens, ça, c'est du harcèlement. Là, tu es en train de te faire harceler. C'est indolore. C'est indolore et ce n'est pas que du présent, le harcèlement. Surtout quand on a 13, 14, 15 ans. Parce qu'à cet âge là, on se construit. On se construit avec des bases que l'on croit être sereines, bonnes, mais qui sont des leurres. On se construit sur de la merde, sur la merde qu'on nous dit. On se conditionne à être quelqu'un. Et ce quelqu'un, il sera ce qu'il est en prenant en compte le fait qu'on s'en soit pris plein la gueule. C'est pas tant le fait de subir tout ça, même si c'est dégradant et que l'on souffre beaucoup. On souffre d'autant plus quand on est adolescent. Mais c'est de regarder son adolescence, avec le recul que j'ai, et de finalement se dire que mon moi aurait pu être beaucoup, beaucoup mieux si je n'avais pas vécu tout ça. Et chacun ses problèmes bordel. D'autres connaissent pire. D'autres mieux. Mais le harcèlement moral à l'école est un sujet où il est POSSIBLE de faire quelque chose. J'aurais tant aimé à l'époque qu'on prenne en considération tout ça. Qu'on ne reste pas les bras croisés, comme dans ce film. C'est important. Même si la personne vous dit que ça va. Elle vous dira toujours que ça va. Mais ça va pas. Et ça vaut pour tout. Creusez. Les gens que vous aimez, idolâtrez, adorez, creusez pour savoir ce qu'il y a. Heureusement, ça se termine bien pour moi. Mais c'est pas forcément la vraie vie, que ça se termine bien.
Ouais, ce film n'est peut-être pas très bon, en terme de cinéma. Ouais, il s'attache à montrer le coeur de ceux qui harcèlent, et ça peut toucher quelqu'un qui ne l'a pas vécu, j'en conviens. A titre personnel, je me fous de connaître le ressenti de celui qui me faisait changer de trottoir, de bus, celui qui me faisait regarder ailleurs, celui qui m'a fait arrêter le sport que j'affectionnais étant jeune. Et ce n'est pas mon histoire. C'est une toute partie de mon histoire. Vous avez peut-être connu la même, ou pire. Mais en réalité, il n'y a pas de pire. Il y a pas ceux qui se font poignarder, ceux qui se font menacer avec un couteau ou ceux qui se font menacer en promettant que la prochaine fois, on apportera un couteau. Tout le monde vit ce qu'il a à vivre, et le vit en fonction 1/ de ce qu'il est 2/ de ce qui lui arrive. C'est pour ça que c'est important de parler du harcèlement à l'école, mais aussi ailleurs. J'ai vécu pas mal d'agressions étant jeune. J'ai pas toujours porté plainte. Et moi, ce que je veux qu'on comprenne, c'est que ce n'est pas le présent qui est difficile. C'est l'avenir. Et c'est l'avenir que l'on ne décèle pas. On croit s'être construit finalement raisonnablement, sans trop de difficulté. On se rend compte un beau jour que ces humains, ceux-là, nous ont empêché d'être de meilleures personnes encore. Et ça, ça fout les boules.
Alors ouais, A Girl like her, c'est peut-être pas le film de l'année, du mois ni même de la journée. La fin est attendue, on se croirait dans Si je reste avec Chloe Moretz. Mais putain, l'importance de ce qu'on raconte dedans. L'importance du truc. Si vous vivez un tel truc, ne gardez pas ça pour vous. Faites le nécessaire dès les premiers instants, c'est jamais putain d'anodin. Si ça ne marche pas, parlez-en à vos parents. Si ils comprennent pas, à d'autres. Si vous avez honte, trouvez une solution, allez sur internet, c'est anonyme. Mais ne laissez pas des déchets, certes eux aussi jeunes donc influencés, qui ne sont pas des monstres, gâcher votre futur et conditionner ce que vous ferez.
Voilà j'ai trop parlé, plus jamais je ne relis ce pavé tellement on assume pas de dire des choses comme ça. Et je crois que c'est le pire. Avoir honte alors qu'on est victime. Franchement, si j'ai un conseil pour ponctuer cette critique, une remarque, c'est la suivante. Il n'y a pas différents degrés de victime ou de victimisation. Il n'y en a qu'un, et peu importe l'intensité des malaises que vous subissez, battez-vous et ayez des gens autour de vous qui vous aiment assez pour se battre aussi. Je vous remercie d'avoir tenu jusque-là, et m'excuse d'avance pour certains passages un peu candides. Longue route à vous. :)