Un film de vampires tourné en persan par une cinéaste américaine d'origine iranienne, voilà qui piquait ma curiosité au plus haut point, d'autant que ce premier essai était précédé d'une excellente réputation dans les festivals où il fut présenté. Sauf que malheureusement, la découverte eu l'effet d'une douche froide sur ma personne.
Prolongement d'un court-métrage du même nom déjà réalisé par Ana Lily Amirpour, A Girl Walks Home Alone at Night a tout du long-métrage pétri de bonnes intentions, mais aussi et surtout les défauts d'un premier film trop conscient de ses effets, convaincu visiblement de tenir là une graine de film culte en puissance.
Convoquant aussi bien l'étrangeté d'un David Lynch que le spleen onirique du Rumble Fish de Francis Ford Coppola, le tout agrémenté d'une touche de Twilight à la sauce hipster, A Girl Walks Home Alone at Night bénéficie dans un premier temps d'une magnifique photographie et d'une bande originale plutôt tendance, laissant espérer du meilleur d'autant plus que l'ambiance que tente d'instaurer la réalisatrice n'est pas dénuée d'un certain charme.
Mais à trop vouloir produire de la belle image, à trop appuyer lourdement sur certains aspects, Ana Lily Amirpour finit par se tirer une balle dans le pied, accouchant malgré elle d'un délire arty et superficiel, au détriment d'un fond pourtant accrocheur (la condition de la femme au coeur d'un microcosme machiste) et de personnages perdant toute consistance au fur et à mesure de l'intrigue.
Sûrement sincère mais ampoulé et interminable, voire irritant pour votre humble serviteur, A Girl Walks Home Alone at Night laisse pourtant entrevoir des possibilités quand à l'avenir de son auteure, à condition qu'elle laisse davantage parler l'émotion qu'une forme prémâchée et sur-stylisée.