Je suis allée sans trop de préjugés, captivée par l'esthétique de la bande-annonce tout en craignant tomber sur un de ces films esthétiquement réussis mais creux...
Heureusement, ce n'est pas le cas. Premièrement oui, la photographie et l'ambiance sont tellement réussies, et la BO est pour ainsi dire parfaite, sans tomber dans le travers du too much - les longs silences de ce western étranges m'ont beaucoup plu. Il y a cette tension qui monte à travers des événements qui oscillent toujours entre le normal et l'effrayant. La poésie des images et des corps, le dialogue remplacés par une chorégraphie, l'esquisse de La Fille tout en creux et en réactions... La lenteur du film m'a beaucoup plu. Mais surtout, c'est toute sa portée révolutionnaire, presque politique, esquissée très délicatement au milieu de personnages tellement énigmatiques et pourtant parfaitement touchants et complexes. Je pense notamment à la première scène chez Hussein et le discours à la télévision, et ensuite à l'opposition entre la Prostituée et la Fille, qui semble désigner le vampire comme une métaphore d'une femme émancipée, libre, qui après tout rentre seule le soir. Les rapports de pouvoir sont chamboulés, la mort omniprésente, la religion en arrière-plan, la drogue et l'attrait de la richesse, l'électricité dans l'air et dans les corps - d'ailleurs, pas un baiser, très peu de contacts, rafraîchissant. Finalement j'ai pensé à Only Lovers Left Alive et Dead Man, l'un pour les vampires et l'autre pour le côté absurde de cet anti-western. Seul point noir peut-être, on en veut plus. Et surtout, le chat m'intrigue. Placé directement comme personnage central de l'histoire, il est le nœud du mystère.