Quand la réal' n'est pas au niveau

Je n'ai absolument rien contre Zach Braff, et, comme tout le monde, je l'ai même adoré dans Scrubs. Mais force est de constater que l'on peut être un brillant acteur et avoir de sérieuses difficultés une fois passé derrière la caméra.

Car, ce qui manque au film A good person, ce n'est ni un bon scénario, ni un bon jeu d'acteur : c'est une bonne réal'.

Reprenons. L'histoire est celle d'Ally, jeune femme vivant le parfait amour et sur le point de se marier qui a un accident de voiture entrainant la mort de la sœur de son fiancée. Face à cette situation intenable, elle sombre dans les anti-douleurs. On est donc face à un bon gros drame qui peut offrir une palette de situations, de questionnements, de prises de positions et même de beauté en terme de jeu. Et d'ailleurs, Florence Pugh et Morgan Freeman sont excellents respectivement en femme en perdition, dépression et addiction, et en homme brisé cherchant la rédemption et la sagesse.

Le seul truc qui cloche, c'est la réalisation. C'est d'une platitude incroyable. Tous les plans, tous les raccords, et toutes les mises en tension ont déjà été vus un milliers de fois, parfois même dans de simples films de l'après-midi sur M6. Ils sont sans saveur, sans originalité, et parfois même sincèrement moches. Notons pour seul exemple la dernière image du film qui recherche de toute évidence une certaine puissance esthétique, et qui ne débouche que sur une composition convenue et sans richesse...

La scène d'ouverture déjà, était particulièrement niaise, et frisait l'incohérence, avec cette soirée de fiançailles lors de laquelle le couple raconte leur première rencontre à la famille et aux amis - histoire qu'ils devaient évidemment déjà bien connaître -, avec les vannes et les déclarations qui tombent à l'eau.

L'accident, si l'on continue, est lui-même improbable. Ils sont dans des bouchons, une grue débarque et cogne la voiture sur la gauche : les passagers de droite meurent, mais pas la seule qui se prend la grue dans la gueule. Quelle logique à cette vitesse et de cette direction ?

Les scènes de foot sont, elles aussi et de la même manière, toutes les mêmes dans le film - mais même dans tous les films américains qui montrent des gamins jouer au foot - et ne sont absolument pas convaincantes...

On pourra dire que l'intérêt du film est ailleurs. Dans la dénonciation de la consommation d'opioïdes, par exemple. Mais c'est un sujet à peine effleuré, et, techniquement, c'est bien là l'élément déclencheur : c'est qu'Ally n'y a plus accès par la voix légale ; preuve d'un certaine volonté de contrôle de la part de l'Etat. Le deuil, alors ? Mais l'histoire ne débute vraiment qu'un an après l'accident, cette partie du deuil est donc techniquement passée sous silence... La cure ? Elle est, elle aussi, passée sous silence en quatre minutes d'une chanson quelconque. Le pardon, à la rigueur.

De la même manière, la mère d'Ally est laissée de côté alors que son rôle aurait pu dynamiser le film ! L'ancien fiancé est complètement absent alors que c'est quand même lui qui perd sa sœur, son beau-frère puis sa copine.

Bref, tout ceci pour dire que Zach Braff ne s'embarrasse ni d'idée ni de cohérence : il semble avoir une idée de son film et s'y tient en reprenant ce qu'il a déjà vu et ce qui a déjà été fait, en restant dans les limites de la bienséance et de l'optimisme, même quand le sujet ne s'y prête manifestement pas. Ce qui n'a pour effet que de rendre un film plat, niais, sans profondeur et donc sans personnalité.