Un film ayant l'air banal mais qui dissimule en fait une grande puissance. ( Sûrement quelques spoilers à venir)

Comme le titre l'indique, Cronenberg nous peint ici une histoire de violence, une violence qui parait comme un fléau, un virus transmissible dès qu'on la cotoie et surtout une violence qui nous explose littérallement à la gueule quand elle apparait à l'écran.
Je commence d'abord par ce qui m'a bien entendu énormément plu c'est la mise en scène. Le cinéaste nous donne aussi une véritable leçon avec sa mise en scène tout en classe et en intelligence, à commencer par un plan séquence d'ouverture fabuleux où la violence a lieu hors-champ. Et dès que le spectateur s'aventure plus loin, c'est là qu'elle lui apparait, plus horrible que jamais. Entre cadrages minutieux, superbe photographie et travellings rigoureux, ce film est une réussite technique.
Mais si il n'y avait que la technique, le film vaut également de l'or grâce à son traitement de la violence comme celui-ci a été rarement fait au Cinéma ( mis à part peut-être chez Peckinpah ou Kubrick dans OM). C'est une méditation du mal doublé d'une féroce critique de la banalisation de la violence au cinéma. Car si la violence en général au cinéma ne fait presque plus réagir, il n'en est pas de même pour le Cronenberg. Celle-ci apparait par intermittences avec une force inouïe, on se sent à la fois mal à l'aise face à tant de barbarie et subjugué par la beauté par laquelle on nous la montre. On nous expose aussi la violence comme un fléau contaminateur. Tom verra son passé ressurgir sous la forme de "Joey", son double maléfique, son "ancienne vie" qui exercera la violence avec cette manière assurée et féroce. Sa famille sera contaminée aussi, son fils tuera le mafieux et sa femme révelera aussi ses pulsions bestiales, tout comme le démontre cette scène d'amour innattendue et inhabituelle dans l'escalier.

Le film doit beaucoup aussi à ses acteurs. Mortensen est épatant, dans un seul plan il exprime à la fois la douceur de Tom et la haine viscérale de Joey. Maria Bello interprète sa femme, douce et gentille mais vite rattrappée par le mal émanant de Tom. Des seconds rôles également très convaincants viennet agrémenter ce casting judicieux. Le plan final est saisissant: Plus rien ne sera jamais comme avant, cette famille est vouée à subir de nouveau la violence de plein fouet. Cette famille qui était le cliché de la famille soudée, unie et heureuse ne le sera plus. Ce jeu de regards entre tous les membres de la famille m'a presque arraché une larme tant c'est beua, intelligent, bien pensé qui véhicule formidablement les émotions.
Pour ma part A History of Violence est un grand film, et je serais bien ravi de le revoir une deuxième fois car je suis sûr qu'il y a encore plus matière à creuser dans ce joyau brut. C'est fou la façon avec laquelle Cronenberg, que je découvrais par la même occasion, a su enfouir cette puissance rare sur un film qui a une apparence de banalité. Du cinéma qui vise haut, très haut.
Moorhuhn
8
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le 10 sept. 2012

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