Au début des années 2000, David Cronenberg est surtout connu pour ses films de science-fiction, d'horreur et de fantastique comme La Mouche ou Dead Zone. Avec A History of Violence, adaptation d'un roman graphique de DC Comics, le réalisateur canadien se lance dans un thriller pur marqué par la confrontation entre deux grands acteurs, Viggo Mortensen et Ed Harris.
Patron d'un restaurant dans une petite ville de l'Indiana, Tom Stall devient subitement une star dans les médias après avoir tué, en légitime défense, deux gangsters. Peu de temps après ces évènements, un homme dénommé Carl Fogarty entre dans le restaurant de Tom et l'appelle par un autre nom, Joey. Le passé de Tom éclate alors à la surface, éclaboussant sa femme et son fils.
La violence occupe une part importante du récit. Cronenberg n'use pas d'effets spéciaux, explosions et bagarres à rallonge afin de la maquiller en spectacle. Le réalisateur emploie une violence sèche, brutale et utilisée pour tuer. Une violence purificatrice pour Tom Stall qui ne désire qu'une seule chose, tirer un trait définitif sur son passé et reprendre sa vie paisible, caricature de l'américain moyen. Contrairement au tout avenant hollywoodien, les Marvel en tête, les conséquences de cette violence sont montrées tant sur le plan visuel qu'auditif. La caméra s'attardant sur un visage brisé, en sang, ne donne pas le même poids à la violence qu'un bref massacre de chair à canon.
L'identité du personnage principal est la ligne directrice du film. Ce conflit entre l'ancienne identité et la nouvelle, élément central du récit, est une réussite grâce à la double interprétation, frôlant la schizophrénie, de Viggo Mortensen. Jonglant entre les personnages de Tom et Joey, l'acteur passe du bon père de famille au tueur expérimenté avec une facilité déconcertante.
Passé à deux doigts de la Palme D'or, A History of Violence est une œuvre singulière. À l'image de son héros, le film possède une apparente simplicité trompeuse. Une idylle américaine rattrapée puise mis en charpie par une réalité que Cronenberg mettra en scène avec brio.