A History of Violence par Scarlett
Ce qui arrive à Tom est une situation dans laquelle chacun peut reconnaître ses propres peurs : la violence et la mort débarquent au milieu de la petite vie bien réglée, bien honnête et surtout heureuse de sa petite famille. L'intrusion dans le cocon qu'ils croyaient sûr, la peur pour leurs enfants (qui se transforme en haine pour ceux qui les menacent : Maria Bello fait ça très bien), la présence d'intrus qui semblent en savoir plus qu'eux... Tout cela réveille nos propres angoisses.
En y ajoutant l'incertitude qui nous fait douter une bonne partie du film, on obtient une pression qui monte, qui monte... et qui explose au moment où on a la réponse à la question de l'identité de Tom. A partir de là, la violence n'est plus seulement une question de survie.
Les images brutales et sanglantes du film paraissent presque grotesques tant elles sont crues : le bruitage de la nuque qui craque, l'hémoglobine qui gicle... On ne se sent pas révulsé par cette violence, on y adhère presque. Après tout, le héros lutte pour sauver les siens. C'est là je suppose qu'on peut commencer à se poser des questions.
La violence est observée à plusieurs niveaux, principalement la violence complètement gratuite des deux voyous du début qui tuent des innocents pour quelques dollars ou des truands qui tuent presque par habitude ; et la violence qui nous dérange plus parce qu'on a envie de la justifier : Tom, en tuant deux hommes, devient carrément un héros. Son fils, souvent emmerdé par un petit caïd de son lycée et à qui il répond d'habitude par l'indifférence et l'ironie, laisse soudain exploser ses pulsions et se jette littéralement sur lui. Et là, on se rend compte que nous aussi, on avait envie de lui donner deux baffes à ce petit con... De même, la femme de Tom devient extrêmement violente dans ses propos lorsqu'on touche à sa famille. Et elle découvre une facette sombre et animale de sa personnalité lors de la scène de sexe dans l'escalier, où elle et Tom se battent et font l'amour de manière sauvage, brutale. Voilà l'histoire de cette violence : innée, instinctive et qui existe en chacun de nous.
La fin est laissée au spectateur, je pense. Pour moi, elle est vraiment synonyme d'espoir et surtout de pardon.