Adaptation d'une BD de John Wagner et Vince Locke, A History of Violence est un thriller efficace qui démarre tambour battant avant de se déliter petit à petit. N'ayant pas lu l'oeuvre d'origine, je ne peux juger de la qualité d'adaptation de Cronenberg et je me contente donc d'émettre mon opinion concernant le film en lui-même.
On démarre donc en fanfare avec un superbe plan-séquence des familles qui nous plonge directement dans l'ambiance. Deux gangsters à la gâchette facile qui ont visiblement préféré ne pas payer la nuit dans le môtel mais plutôt se débarrasser de tous ceux qui les ont vus.
S'en suit une introduction du protagoniste ainsi que de sa famille. Tom Stall est un brave type, bien implanté dans sa petite ville de l'Amérique intérieure. Il tient un Diner, connait tout le monde et tout le monde le connait. Il est décrit comme l'Américain modèle, travaillant dur et honnêtement et aimant profondément sa famille à laquelle il a inculqué des valeurs de non violence notamment. Alors que les deux tueurs du début débarquent dans son Diner et mettent en danger sa vie ainsi que celle de ses collègues, il fait preuve de bravoure et les abat. Il devient alors le héros local, sujet de reportages et son histoire fait le tour des JT, attirant malgré lui d'autres malfrats convaincus de l'avoir reconnu.
Ici, Cronenberg nous emmène sur un terrain très intéressant, qui est la glorification de la violence. Les gens le félicitent, le Diner n'a jamais été aussi plein, on parle de lui partout dans les journaux, son fils est en admiration. Pourtant, Stall garde la tête froide et ne souhaite que retrouver son anonymat. Il est mal à l'aise de se retrouver en étendard de valeurs qu'il ne partage pas.
L'histoire suit son cours et alors qu'on en apprend davantage sur Tom Stall, la paranoïa envahit son camp. Persuadés que les nouveaux tueurs en ville leur veulent du mal, la famille pète un peu les plombs et la tension monte, en témoigne le fils qui, alors qu'il prônait le pacifisme face à son harceleur, finit par craquer et se battre. Les mafieux se présentent au domicile familial et c'est peut-être la dernière scène vraiment bonne à laquelle nous aurons droit.
En effet, à partir des premières révélations, le film qui était jusque là un thriller bien fichu devient un film d'action relativement banal, sans être toutefois mauvais. Une scène d'amour passablement ridicule suivie du nu le plus inutile de l'Histoire du cinéma m'ont sorti du film. J'avoue avoir lâché un rire lorsque Maria Bello sort nue de la salle de bain tant c'est sans intérêt pour l'histoire. Du pur voyeurisme à ce niveau.
À partir de là donc, rien de spécial à déclarer. Le grand méchant est caricatural alors qu'il y avait la carte de la fraternité à jouer, et le héros devient soudainement invincible comme dans n'importe quel film d'action. L'affaire est pliée en deux temps trois mouvements et on est rentré à l'heure pour le dîner. La dernière scène se veut pleine de sens, elle est finalement un peu lourde.
Une déception donc, dans la mesure où le début était porteur de belles promesses, mais la suite ressemble à une panne d'imagination pour David Cronenberg.