Un film dans l’ensemble correct mais qui s’avérera être une petite déception. N’ayant pas lu le roman graphique sur lequel il se base, on ne va pas juger l’adaptation elle-même. Le film démarrait plutôt bien, avec ce rythme un peu lancinant, mais le film ne décollera au finalement pas vraiment, sauf lors de rapides fulgurances. En soit, ce parti pris est intéressant pour l’œuvre elle-même, puisqu’elle dénonce efficacement le rapport des Américains avec la violence et les armes à feu. Il y a cette atmosphère un peu morne, presque nonchalante par moment. Cependant, on verra lentement les personnages évoluer peu à peu, tout comme leurs relations. Le plus flagrant sera sans doute le personnage de Jack, mais le plus intéressant sera bien évident Tom/Joey. On peut presque y voir une rédemption du personnage sur la fin.
Après voilà, il y a certaines scènes qui m’ont quand gêné dans la continuité de l’intrigue (celle où Tom/Joey viole Edie notamment, même si ça souligne l’évolution de leur couple par rapport au début du film, j’ai trouvé ça très mal amené et exécuté, artificiel). Mais ce qui m’a au final le plus déçu dans ce film, c’est que son message fort intéressant ne repose pas sur une intrigue flamboyante. C’est presque trop facile, sans enjeux, sans tension. On a presque l’impression que c’est simplement un prétexte pour développer le thème sur la violence, mais c’est creux derrière. Il n’y a aucun effet dramatique. Là où par exemple, dans un contexte similaire, Funny Games réussissait très bien, tout en ayant cette atmosphère similaire. Du coup, le fond de l’intrigue est intéressant, mais sa forme plutôt bof, faisant qu’on n’est au final jamais vraiment happé dans l’histoire, ça ne marque pas.
Le casting sera là aussi globalement correct. Alors autant Ed Harris sera très chouette dans un rôle qui lui va comme un gant, autant William Hurt donnera presque l’impression d’être un comic relief, détruisant là aussi toute tension dans le final. Ashton Holmes est plutôt intéressant si on prend en compte l’évolution du personnage, Maria Bello fera le taff sans vraiment briller. En revanche, Viggo Mortensen donnera de sa personne. J’ai beaucoup aimé ses mimiques mais aussi comment son regard évolue au cours du film. Il porte le film à lui tout seul et sera bien le seul point qui ne m’aura pas déçu. Après, la musique de Howard Shore sera très douce et discrète, presque en opposition avec le thème du film, créant ainsi une dissonance bien vue. La mise en scène de Cronenberg sera correcte, avec quelques plans (notamment l’intro) bien trouvés et intéressant, et aussi la façon dont il filme ces explosions de violence, presque avec une froideur méthodique.
Bref, en soit A History of Violence n’est pas un mauvais film. Globalement, il est correct et porte un message intéressant. Mais j’en attendais plus pour ma part, du coup il y a un petit sentiment de déception qui pointe quand même le bout de son nez.