Steven Spielberg réalise ici son roman de science-fiction sentimental mais la vérité c'est que ce film Intelligence Artificielle AI est une terrible déception : une vision très désuète et datée du "futur". C’est l’histoire d’un enfant-robot, programmé pour aimer sa mère adoptive. Abandonné par elle, il s’enfuit avec Gigolo Joe , un robot-loueur lui aussi en cavale après avoir eu connaissance du meurtre d’un de ses clients dans une chambre d’hôtel.
La pauvre intelligence artificielle est orpheline du temps. En tout cas, l'idée même du robot comme avatar de l'existence future est à peu près aussi avant-gardiste que les anneaux olympiques fixés entre deux étages de la tour Eiffel! C'est dire le concept cliché et foireux!
D'autant plus que problème, elle a depuis été rendue obsolète par la biotechnologie, le clonage, le génome humain. Quant au mobilier, aux décors, aux installations et aux équipements : euh, futuriste ? Décor blanc crème, chariots à linge, escaliers circulaires groovy : très Stanley Kubrick. Et que voit-on filer à travers la campagne verdoyante sinon la voiture "futuriste" la plus dégueulasse que j'aie jamais vue sur grand écran - avec trois roues ! Deux à l'avant et une à l'arrière !
Ensuite, il y a le jeu des acteurs. Le pauvre Jude Law fait de son mieux dans le rôle de Joe, le cyber-joyeux garçon maquillé pour avoir l'air brillant et bizarre, mais il est affublé de nombreux maniérismes irritants, comme tourner la tête pour créer sa propre bande-son de musique romantique, sortant, vraisemblablement, d'un orifice caché.
Haley Joel Osment est un enfant Spielberg par excellence, une fois de plus avec sa petite voix minuscule et calme. Mais autant dans 6ème sens ça passe mais pas ici. Tout le film je voulait le réveiller et le secouer pour finalement laisser tomber (à quoi bon?).
Le film est d'une longueur abyssale. je me demande si à ce propos Spielberg n'a pas voulu battre Kubrick et son 2001 l'Odyssée de l'espace, sur ce point précis. Mais il échoue là encore , Kubrick avait au moins le mérite de flatter la rétine et les oreilles au moins durant la première heure de son film.
Donc que retenir? Ce film est une vrai purge que même les décors et la mise en scène n'arrivent pas à sauver.
Si on y réfléchit bien, le projet tout entier est foireux car au fond, qui pouvait réaliser ce projet de film de Kubrick? Lui même a préféré réaliser 2001, l'Odyssée de l'Espace. Peut-être qu'au fond, il pressentait déjà quelque chose à l'époque. Spielberg lui-même a préféré réalisé E.T quand ce projet lui est arrivé sur la table, ce n'est pas pour rien non plus.
Enfin les gens veulent voir du Kubrick ( Cinéma peut-être plus provocateur ou plus mature, quoique) ou du Spielberg ( cinéma peut -être plus entertainment, quoique) mais l'assemblage des deux me semble de base, quand même sacrément casse-gueule et aux antipodes l'un de l'autre. Cela n'enlève rien au talent reconnu et respecté de ces deux grands réalisateurs.