A.I. Intelligence Artificielle par Chro
Par Grégoire Bénabent
Longtemps restée dans les tiroirs de Stanley Kubrick (comme Napoléon et Aryan papers, projet sur l’Holocauste court-circuité par La Liste de Schindler), l’adaptation de la courte nouvelle de Brian Aldiss, Supertoys last all summer long, est donc passée, avec l’accord officiel du maître, aux mains de Steven Spielberg. Il faut dire que cette touchante histoire d’un enfant androïde en mal d’amour pouvait aussi bien se prêter au cynisme visionnaire de Kubrick qu’à l’optimisme bon teint de Spielberg. Pourtant, on pouvait difficilement concevoir que A.I., projet hybride et fruit de deux sensibilités parfaitement opposées, sorte indemne de ce laborieux processus de récupération.
Ces pressentiments se justifient en grande partie à la vision du film, entièrement réécrit par Spielberg, ce qui confirme la volonté affichée du réalisateur de faire d’A.I. un projet personnel, ayant pour collaborateur secret "l’esprit de Stanley Kubrick" (dixit le cinéaste !) dont il aurait été investi. A.I. commence de manière fort peu spectaculaire, par une conférence sur l’avancement technologique des androïdes. Nous sommes au XXIe siècle, de nombreuses catastrophes naturelles ont limité les ressources, et la politique de contrôle des naissances a laissé proliférer les "mécas", des robots qui tiennent une large place dans la société. Le professeur Hobby cherche à leur inculquer la faculté d’aimer, et suffisamment de qualités humaines pour être aimés en retour. Vingt mois plus tard, David, le premier né de cette nouvelle génération, fait son entrée chez les Swinton, un couple dont le fils malade a été cryogénisé. Monica, la "mère" de David, ne parvient pas à s’attacher à celui qu’elle ne peut voir autrement que comme un robot, littéralement programmé pour l’aimer. Son fils, entre-temps miraculeusement guéri, traite David au mieux comme un camarade de jeu, au pire comme un jouet. Rejeté, bientôt livré à un monde qui ne conçoit de vie artificielle qu’utilitaire et détruit les robots hors service, David n’a qu’un désir : trouver celui qui le rendra "réel", et saura le faire aimer de sa mère. (...)
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