Robert Guédiguian se (et nous) fait plaisir avec cette comédie sociale rythmée et colorée, joliment interprétée par sa troupe habituelle, Ascaride, Daroussin et Meylan en tête. Ici, le réalisateur de Marius et Jeannette se la joue méta en construisant ce troisième "conte de l'Estaque" autour d'un duo de scénaristes qui s'efforcent d'écrire un film politique, avec tout ce que cela comporte de tâtonnements, de doutes et de remises en questions. Loin d'être lourde et artificielle, cette mise en abyme permet à Guédiguian d'apporter un maximum de fantaisie dans sa mise en scène, avec des parties chantées façon Jacques Demy ou des scènes à la Godard, interrompues ou commentées en voix off, selon qu'elles conviennent ou non à leurs créateurs. Le film se veut donc d'abord une réflexion pleine d'humour sur la façon de figurer la classe ouvrière à l'écran tout en démontant sur un ton enjoué les ressorts de l'éternelle lutte de classes, figurée par une galerie de personnages attachants en butte aux ravages de la mondialisation, avec son cortège de dettes, de chômage et d’humiliations.