Deux scénaristes commencent l'écriture d'un film politique dont le décor est celui de l'Estaque, quartier marseillais cher au réalisateur Robert Guédiguian. Celui-ci, selon un procédé non pas inédit mais toujours amusant ("Deux têtes folles" de Richard Quine, "Le Magnifique" de Philippe de Broca) met en images et en mots le sujet tâtonnant, avec ses reculades et revirements, ses outrances, des deux auteurs ne travaillant pas dans une parfaite harmonie d'idées.
Leurs personnages, les Moliterno, forment une petite communauté familiale, propriétaire d'un garage proche de de la faillite. Guédiguian décrit un milieu ouvrier chaleureux et pittoresque sur le mode provençal (l'humilité, plus que l'accent, rapproche les figures de Guédiguian de celles de Pagnol) dont il confronte les membres, individuellement, à une certaine solitude affective et, collectivement, aux fins de mois difficiles. Et si le film est "politique", c'est parce qu'il dénonce le sort fait à ces petits artisans par les banques ou les grosses entreprises clientes et sans scrupules. Les petits sont mangés par les gros, tel que le démontre, de façon manichéenne, un cinéaste de gauche qui assume pleinement son point de vue.
La comédie est plutôt plaisante, surtout lorsque la mise en scène reproduit, sans en abuser, les atermoiements des scénaristes. Toutefois, l'histoire des Moliterno et les protagonistes eux-mêmes m'on semblé parfois un peu trop superficiels pour m'y attacher complètement.