J’avais vu "A l’aube du 6ème jour" sur une chaîne câblée quand j’étais gamin, et j’en avais gardé un bon souvenir. J’ai pourtant pu constater plus récemment que ce film avait de mauvaises notes sur le net. Dans ma mémoire, c’était un film d’action avec Schwarzy disposant d’idées de SF intelligente, et d’un twist très malin.
Avant même de revoir le film, en y repensant, ça me faisait penser à un film de SF de Verhoeven (surtout Total recall, évidemment), mais en plus soft. Je me souviens notamment avoir été un peu frustré par ces obstructions visuelles dans la scène où une femme sort nue d’une phase de clonage.
Qu’allait valoir le film maintenant, si je le revoyais ?
Constatations dès la première séquence : ça débute mal. Hologramme naze, effets de ralentis horribles un plan sur deux, lors d’une scène de match de football. Mais il n’y en a pas que sur les joueurs sur le terrain, dont les corps s’élancent dans le tas, il y en a même sur le public !
Quand on découvre le personnage principal, joué par Schwarzie, dans une de ses premières scènes il se prend un coup dans l’entrejambe. Ah, que c’est drôle !
Ce sont des erreurs que j’attribuerais sans remords au réalisateur, car autrement le film semble doté de bons scénaristes. "A l’aube du 6ème jour" est notamment plein d’idées qui enrichissent l’univers futuriste : une banane aromatisée aux nachos, un agenda de la journée qui s’affiche sur le miroir de la salle de bain, une commande de lait qui se fait en appuyant simplement sur le frigo, un paiement qui se fait d’une simple pression du pouce sur un écran, … en plus ces deux dernières choses semblent ne pas être si irréalistes, aujourd’hui.
Dommage que lorsque ces idées de SF nécessitent des effets spéciaux, ceux-ci laissent à désirer.
Il y a aussi une poupée "sim-pal", une sorte d’ami-cyborg pour les enfants, qui est concept très plausible en même temps qu’hyper-creepy ; un sentiment renforcé par la tronche de la poupée dans le film. Son faciès horrible et son comportement absurde m’ont d’ailleurs évoqué le chauffeur de taxi dans Total recall.
On fait également allusion à une présidente des USA, au détour d’une réplique ; simple mais sympa.
La seule idée assez nulle, c’est celle du psy et de l’avocate virtuels, c’est complètement absurde.
Même si le scénario manque une ou deux fois de finesse (le héros nommé Adam…), la plupart du temps il est bon.
J’ai trouvé ça très malin de présenter, via la compagnie "RePet", le principe de clonage des animaux avant celui des humains, car ça a plusieurs utilité dans le film : dans une pub pour RePet on nous présente le fonctionnement du clonage ; d’un point de vue dramaturgique, quand Adam voit le chien cloné en arrivant chez lui, il se doute que quelque chose ne va pas avant de voir son propre clone. Et dans une scène où l’on parle du clonage des animaux, on nous fait en réalité passer un message sur les dangers de la science et du clonage en général : Adam, ne voulant pas faire cloner le chien décédé de sa fille, fait remarquer que celle-ci doit apprendre le cycle de la vie, que l’on meurt, qu’il en est ainsi.
Dans le film, le clonage est vu comme un outil pour faire du business : remplacer un joueur de foot blessé, mais en lui laissant une durée de vie limitée, afin de ne pas renouveler son clonage si on est mécontent de lui (s’il demande trop d’argent par exemple). L’humain est vu comme un produit.
Via un autre personnage que celui d’Adam, on aborde aussi un problème différent touchant au thème du clonage : le scientifique responsable de toutes ces avancées technologiques a cloné son épouse décédée, mais ce clone a des problèmes existentiels, elle a l’impression que ses sentiments ne lui appartiennent pas.
"A l’aube du 6ème jour" explore à fond le thème du clonage, on sent que les scénaristes se sont creusés la tête pour imaginer tous les problèmes que pourrait impliquer la possibilité du clonage d’humains. Et l’idée à la base de l’intrigue principale du scénario est géniale : un homme confronté à son propre clone, qui a pris sa place.
Sans compter le twist.
Dommage que la réalisation soit naze, que les effets-spéciaux soient moches, que les scènes d’action soient ennuyeuses, et que le film soit longuet. Je m’endormais. Même Schwarzenegger est assez mauvais. Il nous sort quand même 3 répliques qui tuent (celle sur dieu, celle sur le fait d’aller se faire foutre, et "I might be back" – "you’ll be back").
Il aurait simplement fallu un autre réalisateur aux commandes, et ça aurait été déjà beaucoup mieux. Tout du long, j’ai pensé à Verhoeven, et je suis sûr que ça a été le cas des scénaristes aussi. Le film a été pensé pour être dans la veine de Total recall, c’est évident.
Et finalement, pleins d’éléments négatifs en font, en dépit du scénario, un film médiocre, oubliable.
Quel gâchis.