Dans la carrière de Ritesh Batra, A l'heure des souvenirs se situe 4 ans après le merveilleux The Lunchbox, juste avant Nos âmes la nuit, tourné pour Netflix. Trois films de nationalités différentes : indienne, anglaise et américaine, mais avec une constante, la mélancolie. A l'heure des souvenirs, au petit jeu des comparaisons, fait penser à l'excellent et sous-estimé 45 ans d'Andre Haigh, lequel revisitait également le passé de personnes âgées, avec Charlotte Rampling dans la distribution, comme autre point commun. Le deuxième film de Ritesh Batra illustre à merveille l'idée qu'aucune mémoire n'est fiable à partir du moment où elle enjolive ou omet volontairement certains faits. C'est le cas pour le personnage incarné par le toujours remarquable Jim Broadbent, bougon retraité et divorcé, qu'une simple lettre va replonger dans ses souvenirs pour s'apercevoir qu'ils diffèrent quelque peu de la réalité. Le film est tout ce qu'on attend d'un film britannique : nostalgique, lourd de secrets et de mensonges dissimulés mais jamais pesant grâce à un humour permanent. Beaucoup de non-dits et de pudeur aussi dans ce long-métrage qui ne force pas l'émotion et se révèle assez cruel à l'occasion. Se protéger des souffrances de l'existence, tout au long de sa vie, est aussi une façon de passer à côté et de se barder de certitudes. Ce genre de questions, le film de Batra les évoque sans insister outre mesure, laissant au spectateur, avec sa propre sensibilité, le soin d'y apposer son expérience et des réponses qui appartiennent à lui seul.