Petit bijou injustement méconnu, À la limite du cauchemar a eu une production pour le moins compliquée et une sortie en salles du même acabit. À l'origine réalisé par Michael Miller (La Prison du viol), le film change brutalement de metteur en scène au bout d'une semaine de tournage, le producteur Steve Breimer jugeant le rythme trop pataud. Il est remplacé par le plus docile William Asher, un vétéran reconverti dans la série TV, qui mettra facilement en boîte le produit pour une petite sortie dans l'Oregon en 1981. Le long-métrage ressort en salles deux ans plus tard dans d'autres États avant d'être grassement distribué en vidéo les années suivantes, y compris en France où il restera malheureusement depuis dans les cartons des anciens gérants de vidéoclubs.
Pourtant, À la limite du cauchemar défonce allègrement le simple carcan de film d'exploitation en présentant non seulement un scénario original et terrifiant mais bénéficie d'une mise en scène, si elle n'a rien de transcendant, foncièrement efficace et tendue. L'histoire de cet adolescent aux hormones naissantes vivant avec sa possessive de tante vire au malaise constant lorsque cette dernière (incroyable Susan Tyrrell, ici véritable sosie d'Ellen Burstyn) devient de plus en plus tactile et possessive. Jouant sur le complexe d'Œdipe avec une sauvagerie inouïe, présentant d'autant plus les premières remarques homophobes du cinéma et en en garantissant le rôle dans le script, le long-métrage devient passionnant, se mutant progressivement de thriller dramatique étouffant à véritable film d'horreur sans limites.
Riche en rebondissements (malheureusement tués dans l'œuf, la gestion du suspense n'étant pas le point fort du script) mais aussi en passages sanglants, À la limite du cauchemar arrive à demeurer pleinement captivant en dépit d'une mise en scène un brin datée qui aurait pu profiter d'une plus grande bestialité. Pour autant, le film ne faiblit jamais, s'accommode de son script malin et présente une galerie d'acteurs tous plus convaincants les uns que les autres (avec en bonus un jeune Bill Paxton dans l'un de ses premiers rôles). Une approche inédite de l'horreur humaine et un film-choc puissant et maîtrisé qui témoigne d'un savoir-faire anticonformiste aussi évident que mal reçu à l'époque.