Police scientifique

Lorsque les têtes d'affiche d'un film sont Henri Vibert et Robert Dalban, éternels seconds rôles du cinéma français, on est en droit de soupçonner qu'il s'agit d'une série B, surtout si le réalisateur n'est autre qu'Henri Lepage, auteur de l'inoubliable "Ile aux femmes nues".

Sans avoir le talent de l'illustre détective londonien, il se trouve que mes déductions se sont avérées justes : "A la manière de Sherlock Holmes" est bel et bien un polar de seconde zone, qui flirte par instant avec le nanar, sans toutefois y tomber, et qui pourra même constituer un divertissement sympathique pour les nostalgiques des années 50 et pour les amateurs de curiosités policières.

Sur ce dernier point, le film se veut très sérieux, cherchant visiblement à mettre en évidence les nouvelles méthodes scientifiques de la police française, un peu à la manière d'"Identité judiciaire" d'Hervé Bromberger, sorti cinq ans plus tôt.
Problème, la rigueur scientifique des techniques policières s'accorde mal avec un scénario lesté d'invraisemblances et de complications parfois inutiles.

D'autre part, la direction d'acteur apparaît déficiente, tant chacun semble jouer sa partition comme bon lui semble, à l'image du reporter campé par Jacques Dynam, qui surjoue et paraît constamment aux frontières de l'improvisation.
D'autres éléments viennent trahir un certain amateurisme, à l'instar des numéros de cabaret peu concluants, de la voix horripilante de l'une des entraîneuses, et surtout du personnage de Chang, un chinois joué par un français, maquillé sans aucune finesse.

Parmi les bons points, on soulignera a contrario le décor inhabituel de la ville de Rouen (sa cathédrale, ses maisons à colombages…), la description de la vie dissolue d'une certaine bourgeoisie de province, ainsi que l'identité (relativement) surprenante de l'auteur du meurtre et véritable chef des gangsters.